A la maison, ce ne sont pas les animaux qui manquent. Il y a Thor et Thétys, les deux capucins à tête blanche, Toufou, le hamster russe et surtout Eden et Kréma, les deux chats. Autant dire que l'auberge annonçait complet. Dans la rue, nous avions bien vu les deux chatons blancs et roux qui gambadaient maladroitement, l'un grand et vaillant déjà, l'autre, maigre et malade. Mon mari avait été catégorique : "Ne compte pas en adopter un!" J'avais bien essayé de leur trouver un foyer mais ce n'était pas chose aisée. Nous leur donnions à manger en bas de chez nous en attendant. Un jour, je suis descendue de chez moi pour aller faire quelques courses. Et j'ai eu la surprise de trouver sur le pas de ma porte, couché sur le flanc, la respiration haletante et sans doute très malade, le plus petit des deux chatons. Or, je savais que le quartier comptait son lot de personnes mal intentionnées qui se seraient réjouies de flanquer un coup de pied malveillant à une bête en piteux état. Je lui ai parlé doucement, l'ai caressé, ai soulevé sa tête qui est retombée lamentablement sur le sol... J'ai alors soulevé délicatement la pauvre petite bête et je l'ai posée dans une boîte à chaussures dans mon garage en me disant : "Va, pauvre petit chat, si tu meurs, au moins, que ce soit dans la tranquillité..." Quelques heures plus tard, quand je suis rentrée, j'ai bien cherché le petit chat mourant mais il n'y avait pas de trace de lui ni dans le garage ni dans la cave. Vu sa chétivité, je ne pensais pas qu'il aurait pu monter les grandes marches qui mènent à la terrasse ensoleillée. C'est donc très sceptique que je montai les escaliers. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir le petit chaton à l'article de la mort tout à fait bien, ses deux grands yeux dorés fixés sur moi, allongé de tout son long dans une flaque de soleil. Ainsi donc, il était vrai que les animaux pouvaient faire semblant? Mon mari, quand il rentra réitéra : "Ca va bien, celui-là n'entrera pas dans la maison!" mais ce n'était pas nécessaire, je ne comptais pas adopter le petit chat. Nous décidâmes de le nourrir et de lui mettre un collier. Ce serait un vrai chat de village, un chat qui se dore au soleil sur les toits et qui dort dans les remises. Et puis, il était tellement laid! Tout maigre, le ventre rond, le poil en paquet, les yeux collés et le museau morveux, personne n'en aurait voulu! Seulement voilà, le vilain petit canard avait des trésors de ressources : il découvrit une fenêtre qui donnait sur notre cuisine et par laquelle il nous voyait. Dès qu'il apercevait l'un d'entre nous, il plaquait son gros ventre contre la vitre et grattait inlassablement les carreaux de ses deux pattes avant aux coussinets roses. L'inévitable arriva : Au bout de deux mois de ce manège et à l'annonce des premiers frimas, Léo est entré dans la maison... pour ne plus en sortir. Mieux, c'est mon mari qui l'a fait entrer!!! Et ce qui est encore plus drôle, c'est que le petit chat très laid est devenu un magnifique chat aux poils angora, plein de vie, de malice et d'amour qui a su se faire aimer du vieux Kréma, son plus grand copain de jeu et d'Eden, sa maman adoptive. Autant dire que nous ne regrettons pas d'avoir ouvert notre porte au petit chat si vilain... Mais je suis sûre que vous ne me croyez pas!! Ceci est une histoire vraie, et j'en donne pour preuve une photo de mon cher petit Léo! Et pour respecter les règles imposées, je suis une grande fille!!!
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