Voyage au carrefour des 2 aigles d’argent
Une douce lumière dorée baigne Domovia, le soleil pointe ses rayons rouges dorés, les oiseaux pépient gaiement dans les nids. Bientôt un joyeux brouhaha se fera entendre. Le temps est comme suspendu sur un fil, on pourrait presque entendre le frémissement de la rosée sur l’herbe . Seul un clignotis de lumière derrière les persiennes à moitié closes laisse deviner une activité pourtant intense.
Koodoux regarde sa pendule, plus que 3 heures et son maître va se réveiller, il cherche des pièces de monnaie partout, sous les taies d’oreiller, au dessus de l’armoire, dans les chaussettes… Il est très fier de lui car il a finit le four et l’odeur du pain chaud embaume encore la maison. Cela lui a demandé 3 jours et le résultat le comble de bonheur. Mais Koodoux n’a pas le temps de rêvasser , il faut qu’il termine son activité, c’est un jour très important , c’est le jour du départ. Enfin, il va connaître l’aventure! Plus que 3 heures , son imagination vagabonde, il se rappelle les récits de ses amis et il a hâte de se retrouver au coin du feu et aussi de faire enfin la rencontre avec Doubynia. Il a encore son sac à préparer,
- Vais-je prendre 3 ou 5 roubliz ? se demande t-il.
Il vient d’en trouver une pièce sous la pendule. Plus que 2 heures.
- Pourvu que Frimouski revienne à temps, il est parti traire les vaches et je ne vois pas son cheval !
Et tandis que Koodoux s’interroge, le village semble s’être animé par un coup de baguette magique. On entend le bruit énergique de la brosse sur les chevaux dociles, et des domos joyeux qui reviennent de la chasse. Les portes des isbas se sont ouvertes et on entend aussi le ronronnement des fours et les bonnes odeurs de pain chaud enrobent le village tout entier.
Rien ne semble vouloir troubler la quiétude d’une matinée douce et studieuse, car les domos sont de grands travailleurs. Il arrive parfois que certains soient un peu stressés ou capricieux, mais en général ils sont joyeux et tout plein d’ardeur à l’ouvrage.
Un peu plus loin , tout autour des collines la forêt étend son manteau de feuillages dense et vert. Au loin derrière les sommets une lueur rouge scintille par moment comme les éclairs d’un orage étrange, mais tout à leurs activités les domos ne s’en soucient guère. Le Dragon est loin et ne s’aventure plus dans leur contrée, la magie de Doubynia les protège encore. Pourtant ils savent qu’un jour il devront affronter cette région , mais pour le moment l’heure est aux travaux et tout le monde sait que chaque chose vient en son temps.
-Encore un roubliz , bon je vais préparer mon sac , je disais donc 5 ou 3, allons pour 5, Doubynia sera content et si je croise ce roublard de Lechy, il ne m’en prendra pas trop ainsi !
Il ne faut pas que j’oublie le gogel mogel, parce que les fruits c’est bon, mais pour prendre des forces …. 5 doses au moins et 3 de crème et 3 pains cela devrait suffire, et hop un peu de métal au cas où Douby en aurait besoin, et je suis prêt ! Un peu inquiet il jette un œil sur la feuille ou son maître à inscrit les camarades qui doivent l’accompagner, j’espère qu’ils viendront bien tous sur le salon se dit-il ! Reviennent à sa mémoire les récits terrifiants de longue nuit d’attente et d’incertitude dans la forêt… allons, se dit-il prenons la route et soyons confiant !
Et voilà Koodoux d’un pas alerte sur le chemin de la forêt , son sac en bandoulière ne pesant à peine plus le poids d’un oisillon, car les domos ne connaissent pas le poids des choses, ni la fatigue. Ils peuvent ainsi parcourir de très longues distances sans aucune gène, agiles et lestes et toujours dans la bonne humeur. Ils pourraient aussi emmener leurs chevaux, mais beaucoup préfèrent marcher car ils savent qu’ils auront à traverser des gués délicats , ou juste un petit domo pourrait passer.
Mais Koodoux oublie vite ses inquiétudes , à peine sur le chemin, qu’un domo vient sa rencontre , suivit de 3 autres dans de grands rires clairs et joyeux ! Une joyeuse excitation règne et tout le monde est bien content de se retrouver.
- hello Koodoux, prêt pour ce voyage au carrefour des 2 aigles d’argents ?s’exclame l’un deux, un petit domos à l’air particulièrement espiègle, avec sur sa tête un immense bonnet vert
- j’ai bien cru qu‘on ne partirai jamais Ariel ! Pour une fois le temps m’a paru bien long ! Mais toutes mes tâches sont à jour, et mon moral est vaillant , hohoho !
Ils reprirent la route ensemble, saluant au passage les domos qui dans leur isba avait interrompu leurs tâches quelques secondes pour les voir partir vers le chemin de la forêt.
Leur pas léger frôlait le sol et l’on sentait leur allégresse et leur fierté à cette façon si particulière de pointer leur menton pointus vers ciel, et leur yeux pétillants de gaîté.
- J’ai vu Melinée et Cajoleur, ils nous rejoindrons un peu plus tard sur le chemin me dit Tanka d’un ton joyeux. Melinée termine son brossage, il était très nerveux et Cajoleur finissait de cuire le gogel mogel
- Nous serons au moins 24 sur ce voyage ! rajoute Malin, le plus jeune des domos, tout frêle et tout souriant.
Songeur Koodoux regarde le paysage, de grandes collines s’étendent sur la droite, la forêt s’étend sur l’horizon et de multiples sentiers s’ouvrent à eux, chacun d’eux est orné à son entrée, d’une petite pancarte en bois, bancale, avec des noms évoquant de belles et nombreuses aventures. Il les connaît toutes pour être venu souvent rodé dans les environs, et repère d’un coup d’œil celle où est marqué « carrefour des 2 aigles d’argents ».
Il est ravi, le soleil brille maintenant de tout son éclat, et il entend une musique qui lui emplit le cœur d’enthousiasme, celle que les domos jouent lors des grands départs. Une jolie musique vive et entraînante, légère sous les pas, et qui donne envie de danser , la forêt est là avec ses grands pins en forme de chandelles, hauts et étroits de branchages.
Le sentier serpente, sur ses côtés les feuillus parsemé de petites fraises des bois de couleur violette. ----
-Hum ! je vais pouvoir me régaler, se dit-il, et si la cueillette est bonne , en vendre quelques une au marché de Domovia !
Quelques heures se passent ainsi, ou les domos trottinant d’un pas léger et cueillant les fruits violets finissent par descendre dans une vallée profonde , au fond de laquelle coule un rivière. Quelque part derrière les nuages le soleil a dû se couché, quand soudain, au détour d’un virage, ils aperçoivent une petite forme blanche lovée au creux de la souche d’un arbre.
- Mais c’est Sympa, son maître à dû l’oublié, il dort comme un bébé !
- Il est parti avec une grande avance ! répond Ariel, je crois qu’il s’est trompé de date, et qu’il est parti hier soir, continuons notre chemin, ne nous mettons pas en retard pour le rendez-vous. Son maître a été alerté , il ne tardera sans doute pas à nous rejoindre.
Ils continuèrent leur chemin, les petites fraises violettes luisent maintenant sous l’ éclat d’une lune argentée d’une lueur d’améthyste. Une brise emplie des odeurs âcres de la forêt les enveloppe de bien-être, et ils perçoivent à peine les chants lointains aux accents slaves. Ceux-ci se rapprochent indiciblement et bientôt ils se retrouvent face à un groupe de varnaks sibériens ayant à leur tête un vieillard à barbe blanche, un vétéran du bagne de Sibérie. Ceux-ci , leur assignent un bref salut et continuent leur route vagabonde tout en fredonnant leurs chansons monotones et mélancoliques . Ils les entendront encore longtemps , comme si leur trajectoires étaient similaires tout en étant opposée. Un des nombreux mystère de la forêt sans doute. De vieilles chansons qui racontent la légende des dragons, et de leurs prisonnières, les domettes, retenues par un étrange maléfice….Les cîmes des montagnes approchent , le jour se leve à nouveau, de temps en temps Koodous s’arréte, compte sa cueillette , et repart le cœur léger en songeant à sa future isba. Le jour passe ainsi, puis un autre et enfin le 3 ème jour pointe ses premiers rayons ! Au loin , une fumée blanche apparaît , Koodoux est tout ému, il pense à sa future rencontre et l’excitation le gagne. Il va entrer bientôt dans la zone magique , il aperçoit une vive lumière verte, celle dont lui a parlé les domos voyageurs. Une belle lumière intense et opaque se dresse devant lui comme une sorte de mur immatériel. C’est ici…, le voici arrivé enfin ! D’un pas il franchit la zone étrange et aperçoit à ses côtés , comme surgit de nulle part trois domos : Frimouskie, Tamara et Bonheur, tranquillement assis autour d’un feu crépitant. Quelques minutes plus tard Ariel et Malin sont là aussi, et tout autour d’eux comme un grand brouillard d’un vert très clair, mais très dense !
Ainsi Doubynia se trouve ici , et leur quête semble sur le point d’aboutir. Mais il manque un compagnon, tous les domos savent que Doubynia ne répond que lorsqu’ils sont sept. L’excitation est à son comble, l’attente paraît interminable, mais enfin, Kikoune fait son apparition. Ils sont sept !
- Allons y s’exclame t’il !
Koudoux fait un pas dans le grand brouillard vert opaque, il ne voit rien, tout semble envelopper d’une mousse ouatée , mais il entend comme un carillon , il a presque touché Doubynia, il a senti une onde de chaleur tout près de lui. Il avance d’un pas, et là une sorte de bruit indescriptible mais annonçant une victoire, retentit, il a à peine le temps de réaliser, qu’un joli tronc surgit et il se retrouve assis dans le campement comme par magie. Ces compagnons sont encore dans la brume verte. Lorsqu’ils aperçoivent son arbre en sortant de grandes acclamations retentissent dans la forêt !
- Bravooo Koodoux !!
Et pas peu fier Koodou admire son arbre comme il l’aurait fait d’un trophée !Il est tellement content qu’il veut bien attendre une éternité si on lui demande ! Il voit ainsi passé tous ses compagnons, et ce n’est qu’acclamations et bravos, certains repartent vers l’isba, d’autres comme lui se sont posés là près du feu. Sympa ne s’est pas réveillé et n’est pas présent… Il a aussi ceux qui ont croisé Lechy le grand voleur, et ceux qui ont eu la chance de tomber sur le trésor de Doubynia. Il voit revenir ceux qui se sont enfoncés trop loin dans la forêt, la mine un peu déconfite après de multiples tentatives. Mais au bout de quelques heures, tout le monde paraît content, et les domovoys repartent gaiement dans le chemin de la forêt. Koodoux se prépare à dormir près du feu, les flammes mordorées lancent des éclairs de défis au ciel étoilé. Il songe déjà au prochain voyage… Frimouskie lui a parlé du Pays des Oiseaux Sans Peur, encore un long voyage de 3 jours dans la forêt et ses yeux se ferment tout doucement…
Au petit matin, il aperçoit Sympa enfin arrivé, un grand arbre à ses côtés , nous pouvons rebrousser se dit-il !
Le voyage du retour bien que long fut tout aussi joyeux , sinon plus, car tous avaient dans leurs moy zabord un bel arbre de 130 ans !
Ecrit par Mellody |