Boon eut la bonne idée de me demander de consulter ma boule à rêves. Peut-être pouvait-elle nous indiquer le chemin. Avec précaution, je la sortis de mon sac et nos deux fronts se penchèrent sur elle. Baltyr apparut et son état me parut encore plus piteux que la dernière fois que la boule nous l’avait montré. Puis la vision se brouilla pour laisser place à une porte géante toute en bois, en coir et en clous, avec juste une petite lucarne munie de barreaux qui devait servir de judas. La vision se brouilla à nouveau et un couloir apparut dans lequel on distinguait clairement une porte. Puis une autre porte apparut, une porte que l’on aurait dit façonnée dans de l’onyx, puis un escalier en colimaçon, puis une porte, une salle, une porte, un couloir, une salle avec deux géants, deux bottes à terre, un coffre en bois et deux petits souris cachées derrière. La boule se tut un instant, laissant des volutes rougeâtres marbrer sa surface. Après ce laps de temps, une lumière vive émana de la boule et on put voir à travers le verre le géant serviteur de tout à l’heure s’avancer vers nous. Boon jeta un œil de l’autre côté du coffre mais le serviteur s’occupait toujours de son maître. Sans doute était-ce un vision de ce qui allait arriver. Boon me montra la porte et sans bruit, nous nous faufilâmes vers la sortie. Au moment où je me retournais, je vis le serviteur s’avancer vers le coffre, le déplacer, probablement à la recherche d’un rongeur susceptible de faire du bruit. J’en déduisis que nous n’avions pas dû être aussi discrets que je le croyais et que les géants avaient l’ouïe fine. Il faudrait redoubler de vigilance ! Je suivis Boon dans le couloir sombre, large et profond. Le seul problème, c’est qu’il n’y avait pas moyen d’avancer à couvert partout. J’avais très peur que même au ras du sol, on nous découvre. - Géants, mauvaise vue, avait murmuré Boon. Cela ne me rassurait qu’à moitié. Nous courions. Enfin, je courais et Boon voletait à côté de moi. Lui aurait pu aller bien plus vite que moi s’il l’avait voulu. Mais il restait à mes côtés, calme et souriant. Comment faisait-il ? Nous traversâmes le long couloir sans souci. La porte ! Pouvait-on parler de porte quand ce que l’on a en face de soi ressemble plus à un mur infranchissable ? Boon laissa échapper un « houp » de dépit. Allons, Boon, tu ne pensais tout de même pas que toutes les portes nous seraient ouvertes ? « Bienvenue, étrangers ! » n’était pas le message d’accueil des géants, à mon avis ! Je pris ma boule à rêve pour lui demander conseils et au moment où je l’effleurais seulement, on entendit un « clinc » sec et bref. Boon me regarda comme si, d’un coup, j’ »tais devenu un grand magicien doté de pouvoirs fabuleux. Nous levâmes la tête vers le haut de la porte : le penne était déclenché ! Si la boule nous offrait une aide aussi constructive, le séjour dans les falaises de sable ne serait qu’une formalité ! On nous fallu batailler fort pour tirer la porte afin de créer un espace suffisant pour nous y glisser. Mais à force de nous obstiner, la porte finit par s’entrebâiller et nous passâmes de l’autre côté où un ait frais vint nous frapper le visage. BLANG !!! Par la barbe de Zmeï ! A peine avions-nous franchi le seuil de la porte qu’un courant d’air la fit claquer bruyamment. Oh, bien sûr, nous avion essayé de la retenir, mais que pouvaient faire deux êtres magiques de la taille de gros rats contre une porte vingt fois plus grande qu’eux ?
Vous reprendrez bien un peu de thé à la bergamote avant que je poursuive mon histoire???
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