Le boisfanum est une partie de territoire d'Iwuy comprise entre le chemin d'Hordain et le bois du château.
Chaque mois, Denisette, la sorcière, rassemble autour d'elle plusieurs de ses amies du Cambrésis. Elles sont toutes là, comme à son habitude, Denisette est assise sur la grosse pierre qui se trouve au centre d'une clairière entourée d'arbres et de buissons. L'endroit passe pour avoir été la tombe d'un géant et a été choisi pour cette raison. Les compagnes de Denisette dansent autour de la pierre. Elles tournent non pas de droite à gauche comme font les enfants spontanément mais de gauche à droite. Elles crient des invocations à la pleine lune.Parfois elles s'arrêtent et écoutent Denisette s'adresser à ses maîtres dans une langue connue d'elle seule. Par respect, chacune de ses compagnes ne font plus un bruit ce qui renforce le pouvoir de l'orante. Puis une fois terminé les incantations la danse reprend.
Derrière un buisson, un bossu regarde et écoute les sorcières. Au bout d'un moment voyant que sa présence ne les dérange pas le bossu sort des fourrets, il s'assoit dans l'herbe et regarde le spectacle, les sorcières reprenant leurs soufflent constatent la présence du bossu, l'une d'elle s'adresse à lui: - Ca fait longtemps que tu es là? - Assez! dit le bossu. - As tu bien entendu ce que nous chantons? - Pour çà oui. - Et que penses tu de notre chanson dont le refrain est dimanche, lundi; dimanche, lundi;... - Sans vouloir vous vexer, je pense qu'en ajoutant tout simplement samedi, le rythme pourrais être meilleur, écoutez ; samedi, dimanche, lundi.. - Samedi, dimanche, lundi; reprennet les sorcières en choeur. - Mais c'est ma foi vrai, Denisette l'une des sorcières, essayons en dansant. Et les sorcières recommence leur ronde en chantant cette fois ci ; samedi, dimanche, lundi; samedi, dimanche, Lundi;... Comme ce chant leur permet de mieux danser et d'accomplir des rondes plus rythmées, les sorcières décident de récompenser le bossu en lui retirant sa bosse.
Le bossu se sent rajeuni et peut enfin marcher droit dans les rues d'Iwuy, ce que tout le monde constate le lendemain. Un autre bossu d'Hourdain entend l'histoire et décide de ce rendre à la pleine lune près de la pierre dans le bois du Boisfanum. Dès que les sorcières commencent à danser il se lève et se met en plein milieu d'elle puis il se moque d'elle en leur disant que ce qu'elles chantent manque de rythme. - samedi, dimanche, lundi; samedi, dimanche, lundi,mais ça n'a pas de sens tout ça. Votre danse manque d'allure. On dirait que vous boitez. - Mais que faudrait il faire, demande une sorcière? - Ce n'est pas difficile, il suffit de rajouter mardi et vous verrez que cela ira mieux.
Et les sorcières suivent le conseil pour s'apercevoir bien vite que, loin d'équilibrer le rythme, ce jour, ne fait que de leur donner l'impression de trébucher et d'aller de travers, si bien qu'elles sont mécontentes de l'initiative prise par le nouveau bossu. Seul un signe de leur maîtresse les empêchent alors de fondre sur l'infortuné personnage. Les sorcières reviennent donc à la formule précédente, mais la cadence, rompue par l'aménagement du bossu d'Hourdain est perdue à jamais. De rage, l'une des sorcières décide de le punir quand même : elle décroche la bosse fixée sur le saule et la lui colle cette fois sur la poitrine. Affublé d'une telle difformité, il ne reste plus à notre homme qu'à subir les quolibets et les raillements des gens d'Hourdain.
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