Suite à l'une de nos "chatteries" dans le salon confortable de Domovia, je ne résiste pas à l'envie de vous en dire plus sur Omar Khayam, mathématicien, physicien, astronome et poète dans la Perse (Iran actuel) du XIè siècle... Dans ses rubayat (quatrains) Khayam fait l'éloge du vin, del'amour, raille l'austérité des ministres de la religion (Islam) et fait preuve même d'une singulière audace à l'égard de la divinité. Sa sympathie pour L'humanité et son ironie mordante l'ont fait surnommer "Voltaire de l'Orient"... Il évoque avec violence le langage de la passion et attaque avec ardeur l'inexorable destin qui s'acharne à détruire tout ce qui fut grand, bon et beau.
Voici donc quelques extraits de son recueil de rubayat...
Entre la foi et l'incrédulité, un souffle, Entre la certitude et le doute, un souffle. Sois joyeux dans ce souffle présent où tu vis,- Car la vie elle-même est dans le souffle qui passe.
Cette roue sous laquelle nous tournons Est pareille à une lanterne magique. Le soleil est la lampe ; le monde l'écran ; Nous sommes les images qui passent.
La vie passe, rapide caravane... Arrête ta monture et cherche à être heureux.
Avant notre venue, rien ne manquait au monde. Après notre départ, rien ne lui manquera.
Ceux qui ont amassé tant de connaissances, Qui nous ont conduits vers le savoir Ne sont-ils pas noyés eux-mêmes dans le doute ? Ils racontent une histoire, puis ils vont se coucher.
Tous les plaisirs, les avoir voulus... et puis? Tous les livres, les avoir lus... et puis ? Khayam, tu vas vivre, admettons, cent ans. Mettons, si tu veux, cent ans de plus... et puis?
Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière. Tout le monde sait aussi que je n'ai jamais essayé de dissimuler mes défauts. J'ignore s'il existe une Justice et une Miséricorde... Cependant, j'ai confiance, car j'ai toujours été sincère.
Je suis hérétique comme un derviche, laid comme une femme perdue; je n'ai ni religion, ni fortune, ni espérance de paradis.
Dans la mosquée si, maintien dévot, je viens, En vérité ce n'est pas pour prier que je viens: Un jour j'y ai volé un tapis de prière; Ce tapis devenant vieux, pour un autre je viens.
Hier est déjà loin; à quoi bon y penser? Demain n'est pas venu; pourquoi gémir d'avance? Laisse ce qui n'est plus ou qui n'est pas encore; A l'instant même prends ta part de jouissance!
Bois du vin, sous la terre, un jour, tu dormiras. Sans aucun compagnon, sans femme dans tes bras, A personne ne dis ce secret formidable : Coquelicot fané ne refleurira pas.
Tout homme qui eut une affection, une amitié, dans son coeur Qu'il soit de ceux qui prient ou de ceux qui jamais en public ne prient Tout homme dont le nom a été inscrit sur le livre de l'affection Est libéré de l'Enfer, n'a plus besoin du Paradis
La course de nos jours arrive bien vite au relais. La mort les suit en croupe. Aussi, tant que j'aurai la vie, Deux de mes jours comptés ne me tourmenteront jamais: Hier, cet oublié, Demain, dont je n'ai nulle envie.
Voilà, c'était un avant-goût... J'en ai d'autres à la maison ... J'espère que ces quelques textes vous plairont et surtout vous laisseront matière à réflexion...
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