Contre courant, diffusé vendredi soir de la semaine dernière, sur la 2
La mort de Jean
10 minutes que le docu a commencé.
C’est surréaliste. Cet homme me fascine, et me consterne à la fois. Une espèce de paix s’empare de lui. Il sait, il sait qu’il peut contrôler sa mort. Ça le rend paisible, presque serein. Sa compagne ne laisse rien paraître, c’est comme si on lui parlait d’une maladie bénigne.
Le copain qu’il vient de croiser dans les couloirs de l’hôpital, sous morphine, il le quitte comme si il venait juste de prendre un verre avec lui. Incroyable. Jean n’a pas de regrets, ou du moins il ne le montre pas, de la tendresse, même, avec les toubibs, sa toubib, aussi, qui sait les tenants et les aboutissants de cet homme. Son attitude est telle qu’on pourrait presque croire que rien n'allait se passer.
J’hallucine. Et je comprends. Je voudrais bien diriger ma mort comme Jean !
Scène du studio. Il trouve encore le moyen de s’énerver contre un câble de karaoké qui ne fonctionne pas comme il le veut. Ça a beau être ultime, ça manque de zen, ça ! Jean donne des priorités. Oui, celle de vivre intensément ses derniers moments, parce qu’il sait. Qu’il maîtrise sa mort. Qu’il a le choix, et qu’il décide de son moment. Faut avoir la tête bien solide pour décider ça, pour le vivre, et bien, et pour choisir quel moment arrêter tout. Pas de croyances religieuses dans ses propos. La vie, rien qu’elle, et ne pas vivre la déchéance.
Par contre, l’inquiétude réelle que Dan, sa compagne tente de limiter, par son sourire, et sa grande force, par son acceptation du fait que Jean va choisir, lorsqu’il saura « combien » il lui reste à vivre, décemment. Et l’inquiétude de Jean. C’est un peu trop mode, mais je parlerais du « côté obscur » de la mort.
Allons loin. Très loin. Si l’homme est mortel, ne l’est-il pas parce que la mort l’attire ?
Puisqu’on sait que c’est notre lot, et que nous sommes curieux par nature !
Jean est avec Dan, et son toubib. Il apprend, après examens que les lésions au cerveau progressent. Il est calme et Dan est touchée. Au cœur. Mais elle est là. Gros amour, ces deux-là !
Dur d’avoir cette décision à prendre. Il demande si il peut tenir jusqu’à la fin de l’année. Toubib lui dit oui. Dan respire ! L’homme qui le reçoit maintenant dit une phrase terrible : il n’utilise jamais le mot de mort, mais il parle de « sortie », il lui explique aussi qu’il ne pourra pas agir sur sa propre mort s'il devenait inconscient, vu que Jean est atteint d’une tumeur au cerveau qui métastase de partout, ce qui a son importance.
Puis l’homme, responsable de l’association qui « organise » le suicide de Jean, lui explique comment ça va se passer, niveau administratif… les deux hommes fixent une date, en présence de Dan…. Presque incroyable ! Dan commence à avoir les larmes.
Ce passage est terrible. Jean demande même à cet homme qui va organiser son suicide comment il vit ça… celui qui va mourir te salue et te remercie….
Puis Jean prend sa voiture… comme vous et moi. Jean vit une vie normale, sachant qu’il s’est fixé une date.
Dernière fête, dernier verre. Celui du condamné ? (j’exècre ce mot…)les amis sont là, mais on sent que derrière les sourires, la joie n’y est pas. Le cœur dit oui, le champagne aussi. On est près de Noël. Et Dan est là, courageuse, Dan….
Jean respecte son « délai ». il s’est fixé une date, il est au rendez-vous. Dan aussi ! Avec lui ! le souci de Jean ? Au cours de la procédure où il devra prendre un « coktail létal », ne pas faire sous lui. Rester propre. Et beau. Il l’est, beau. Et il veut le rester jusqu’au bout !
Dan sera là jusqu’au bout . Elle l’assiste, il a avalé la première potion, qui doit le rendre inconscient dans ¼ d’heure, et il avalera le cocktail létal juste avant de s’endormir, pour la dernière fois. Son frère est là, lui aussi. Gêné, mal à l’aise, mais n’assistera pas à la phase ultime. Dan, elle, le serrera dans se bras jusqu’à cette fin, voulue par Jean.
Rarement un film m’aura autant remuée que ce documentaire, sobre, constructif, malgré son contenu.
Si je veux mourir tranquille, je sais maintenant où aller, si on m’en donne le droit.
Message à Dan : bon courage, et ne regrette pas le combat que tu as mené avec Jean !
Message à Jean : bonne éternité, tu l’as méritée !
Ce docu, est rediffusé jeudi 26 mai vers 2 heures du mat ou vendredi matin, sur France 2. Si vous pouvez pas regarder, enregistrez…
C'est une leçon de vie.
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