Lorsque le 6 mai 1840, Rowland Hill, le ministre des postes anglaises prend une décision d’autorité, il ne sait pas qu’elle lui survivra jusqu’à aujourd’hui, car il décide que toute lettre sera taxée, avant son départ pour être acheminée. Cette taxe prendra la forme d’une vignette apposée sur chaque lettre ; Il venait d’inventer le timbre-poste dont le premier du genre fut le fameux « One-Penny-black ».
Prés de 130 ans plus tard, Ray Tomlinson, un ingénieur d’une société de Boston, mandaté par le Département de la Défense américain, travaille au développement d’Arpanet, le réseau précurseur de l'Internet et pour permettre aux ingénieurs de communiquer entre eux il crée un logiciel de messagerie, le premier de l’histoire. A l’époque le réseau Aparnet ne réunit qu’une quinzaine de sites à travers les centres de recherches et les Universités américaines, alors que plusieurs chercheurs travaillent sur le même ordinateur. Pour pouvoir définir précisément les adresses respectives des différents destinataires de messages, Ray Tomlinson va inventer le principe de l’adresse électronique : tout d’abord le nom du destinataire puis le nom du site informatique où est situé le destinataire. Pour séparer ces deux noms, Ray Tomlinson cherche sur son clavier un caractère suffisamment spécifique pour qu’il ne puisse jamais être intégrer à un nom. Il choisit alors le fameux signe @ qui sera désormais l’homologue numérique du timbre-poste du XIX° siècle.
Mais d’où vient @ Son existence remonte au Moyen-Âge, quand, selon les linguistes, les moines copistes du VI° siècle le créèrent par contraction du mot latin « ad » signifiant « à » dans le sens de direction tout comme un autre signe « & » remplace « et ». Ainsi par exemple, on peut lire au début d’un document international, la ligne « @ SSMM Ludov. & Marg. R&R de Francae » qui signifie « à leurs Majestés Louis et Marguerite Roi et Reine de France » Le signe @ existerait ainsi depuis le XVe siècle dans l'ensemble de l'espace méditerranéen, tant dans le monde hispano-arabe que dans le gréco-romain, comme symbole commercial désignant des quantités diverses selon les régions pour indiquer le prix par unité d'un produit (comme dans "3 pommes @ Fr 0.50 = Fr 1.50") Il prend alors le qualificatif de « a commercial » et c'est probablement pour cette raison qu'il fut inséré dans les claviers des machines à écrire dès 1885, d'où il migra vers les caractères informatiques standard (comme le ASCII) quatre-vingt ans plus tard.
Mais comment appeler @ Espagnols et Portugais continuent d'utiliser le terme arroba, emprunté par les Français pour en faire "arobase". Les anglophones le nomment at (auprès de), appellation utilisée souvent telle quelle dans de nombreuses langues, ou absorbée sous la forme de at-Zeichen chez les germanophones, ät-märk pour les Estoniens, ou atto maak au Japon. Quelle que soit la langue, @ se décrit à grand renfort de métaphores de la vie quotidienne. Les références animalières sont les plus nombreuses. Allemands, Hollandais, Finlandais, Hongrois, Polonais et Sud-africains y voient une queue de singe. Les Français y projettent un "petit escargot", comme les Italiens et leur chiocciola ou les Israéliens, les Coréens, voire les espérantistes et leur heliko. Pour Danois et Suédois, l'hélice du @ représente une trompe d'éléphant: snabel-a, pour les Hongrois un ver, les Norvégiens y voient une queue de cochon, les Chinois une petite souris, les Russes un chien.
L’arroba espagnol… ! Représente une véritable unité de mesure de poids correspondant à 25 livres espagnoles, soit 11, 502 kg dont le nom français est arrobe. A son tour, cette dénomination espagnole viendrait elle-même de l’arabe « ar-roub » (le quart). Ainsi lorsque nous échangeons des messages ou des informations généalogiques sur nos ancêtres hispaniques sourions à l’histoire de ce @ dont le passé remonte bien plus loin que nos propres racines et a su nous atteindre tel un autre message traversant le temps. Lien permanent : http://www.domesprit.com/Domovia/Domotheque/index/2005/08/06/313-histoires-de-courriers
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