Dans la Chine ancienne, vivait un enfant orphelin, recueilli par une famille qui le faisait travailler durement aux champs. Quand il était battu, il courait dans la campagne et allait se réfugier sous la naissance d’un arbrisseau qui venait l’abriter.
Il y versait beaucoup de larmes, appelait son père et sa mère pour qu’ils viennent à son secours, seul le vent lui répondait et faisait courber les branches de l’arbre qui venaient le caresser pour le consoler.
Il a arrosé beaucoup de ses larmes cet arbrisseau et l’arbre écoutait ses plaintes et ses histoires. Lorsqu’il eut atteint l’adolescence et ses premiers émois, il emmena sa fiancée près de son arbre préféré. L’arbre entendait ses poèmes, ses déclarations, ses moments de tendresse, de désirs, de passions, mais aussi ses moments de désespoir quand elle partit bien loin du cœur de son protégé.
Le temps passait et l’enfant qu’il avait vu grandir devenait un adulte. Les champs des rizières, lui faisaient courber le dos, les pieds dans la terre et l’eau. L’homme devenait plus fort et plus beau, mais sa soif de connaissance ne s’étanchait pas, il voulait apprendre et apprendre encore. Aussi, une nuit, il partit en direction de ce monastère Taoïste dont il avait entendu parlé. Il marcha longuement, gravit des montagnes et des sentiers escarpés. Arrivé devant la porte du monastère, il n’osait frapper. Si il avait fait tout ce chemin pour rien, si en fait, la connaissance n’était pas là où il la cherchait. Enhardi tout de même et assoiffé, il cogna du lourd marteau accroché à la porte – boum boum boum boum, au bout d’un moment, apparut entre les deux vantaux, un homme immobile et habillé de noir qui le regardait avec des yeux perçants mais bienveillants.
On l’hébergea et on lui donna un balai, balayer la cour, enlever les feuilles, laver le sol pour le moment c’était tout son fardeau. L’hiver arrivait et la neige remplaça les feuilles qui jonchaient la cour. Du balai il passa à la pelle tout naturellement, mais aucune de ses aspirations de connaissance n’étaient étanchées. Les années passèrent et, de la cour il se retrouva à la cuisine où il avait été chargé de s’occuper de servir le thé aux moines , mais de ce poste, il pouvait observer et écouter les paroles du sage Lao Tseu qui entraient dans son esprit, puis un jour, un moine s’approcha de lui et l’invita à venir s’asseoir avec eux. Le cœur battant, il courut vite à la cuisine pour remiser sa théière et ses tasses et venir s’installer au pied du maître qui relatait les paroles du maître Lao Tseu.
« Si les gens ne craignent plus la mort, comment pourra-t-on les intimider de sa menace ? Mais si j’inspire aux gens La crainte permanente de la mort, Et si l’un d’eux se comporte d’une manière étrange, Dois-je m’emparer de lui et le tuer ? Qui l’oserait ? Il existe toujours pour tuer un pouvoir de mort, Substituer, pour tuer, à ce pouvoir de mort, C’est comme si l’on voulait manier la hache A la place d’un charpentier. Celui qui veut manier la hache A la place d’un charpentier En vient rarement à bout Sans se blesser la main » LAO TSEU TAO TE KING
Il resta de longues années à méditer ; puis un jour, il demanda la permission de retourner dans son village, il sentait que ses forces s’amenuisaient , et qu’il aimerait une dernière fois revoir le paysage de son enfance. Il dit au revoir et partit sur les chemins appuyé sur son long bâton.
Les paysages n’avaient pas tellement changés depuis son départ. Il s’arrêtait chez les habitants et offrait son savoir pour les soigner contre de la nourriture et un lit.
Enfin, il aperçu la rivière du village de son enfance et l’arbre qui était là, mais lui, il ne le reconnaissait plus, comme il avait grandi ! comme il s’élevait maintenant vigoureux vers le ciel, beau et majestueux !
Il décida de faire une halte au pied de l’arbre celui-ci frémit à son contact et émit des petites sons avec le bout de ses branches.
L’homme tout à l’écoute de son environnement en communion avec l’essence de la nature, entendit les paroles de l’arbre qui était si heureux de le retrouver. Il sortit de sa poche un petit gâteau, le machouilla et salua l’arbre
« Bonjour l’arbre, je suis heureux de te retrouver aussi, comme tu as grandi, comme tes racines vont profondément dans la terre, ce qui t’a permis d’élever tes branches vers le ciel, si haut ».
« Oui dit l’arbre ce sont aussi tes larmes qui m’ont aidés à grandir, j’y ai puisé le cœur de l’homme et elles m’ont donné des ailes, car j’essayais de te retrouver et scruter l'horizon, mais tu avais disparu ».
Et l’homme se mit à lui raconter son histoire depuis qu’il était parti, il lui raconta tout ce qu’il avait appris auprès des Maîtres Taoïstes.
Il racontait, racontait, racontait et ceci pendant des jours, et des jours, à tel point qu’il ne se rendit pas compte des jours et des nuits qui s'alternaient, il faisait tellement une fusion entre la nature, l’esprit et l’arbre . L’arbre l’enveloppait de ses branches pour le protéger du froid et du vent……
«L ’homme, quand il naît à la vie, est tendre et faible, quand il meurt, il est dur et fort. Les plantes, quand elles naissent à la vie, Sont tendres et délicates, Quand elles meurent, Elles sont sèches et rigides. C’est pourquoi les durs et les forts Sont compagnons de la mort, Les tendres et les faibles Compagnons de la vie
C’est pourquoi : Aux armes puissantes, point de victoire. Aux arbres forts, est promise à la cognée. Ce qui est grand et fort décline. Ce qui est tendre et faible prospère ».LAO TSEU TAO TE KING
Un jour, un enfant qui se promenait au bord de la rivière vit surgir devant lui un arbre majestueux et dans les plis de son tronc, il crut déceler le manteau d’un moine figé, qui élevait les bras vers le ciel….
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