PETRUS AMOUREUX
Aujourd’hui je suis très impatient, j’ai entendu ma maîtresse dire qu’elle allait héberger Tara, une Superbe chatte persanne écaille de Tortue qui appartient à sa fille.
Ah Tara, elle est si belle avec toutes ses couleurs mélangées, noirs, gris, roux, blancs, ses longs poils soyeux et ses yeux immenses verts. Je ne l’ai vu qu’une fois lorsqu’elle était toute petite, c’était un châton splendide.
Elle a dû grandir maintenant, je suis son aîné d’un an. Evidemment, aujourd’hui ma maîtresse ne va pas penser à me brosser afin que mes poils brillent, elle est trop occupée avec Uranie, sa chienne poisson-pilote qui ne décolle pas de ses jambes !
Bon, je vais faire ma toilette moi-même, le problème s’est qu’en me léchant, j’avale la moitié des poils et après j’étouffe.
C’est long, c’est long, elles n’arrivent pas, je suis impatient de la revoir. Je me suis posté sur le rebord de la fenêtre du salon afin de guetter le jardin où elles doivent arriver.
Ah enfin ! je vois la voiture qui se gare. Une boite grise dans laquelle doit se trouver Tara porter à bout de bras par sa maîtresse. Allez, allez dépêche-toi, elle doit en avoir assez d’être dans cette boîte, moi au moins ma maîtresse quand on voyage, je dors sur ses genoux.
La porte s’ouvre, il faut encore attendre les embrassades qui n’en finissent pas. Je suis à côté de la cage grise et regarde avec avidité la boule de poils qui est à l’intérieur.
« Miaou, miaou, eh réponds moi, je suis content de te voir ! »
La cage enfin est ouverte et Tara un peu craintive sort majestueuse. Mon dieu, quelle est belle ! J’en suis tout ému. Je m’approche et essaie de renifler les odeurs pour faire plus amples connaissances. Pfff, j’ai reçu un coup de pattes, charmante ! ce n’est pas franchement sympathique comme attitude. Sûrement la timidité… « bonjour Tara, tu te souviens de moi, je suis Petrus ».
Pas de réponse.. et voilà qu’elle file sous un meuble complètement apeurée. « Ben n’aie pas peur, je suis là, oh Volga et Uranie ne sont pas méchantes, elles aiment jouer, de plus, elles ne s’occupent que de la maîtresse. » Je m’approche hardiment (c’est vrai, je suis un gros mâtou et je roule un peu les mécaniques , peine perdue, elle a encore filée en haut de l’escalier. Oh là, là la maîtresse va crier, nous, les animaux nous n’avons pas le droit de monter là-haut.
Ce n’est pas croyable, ma maîtresse appelle gentiment « Tara, Tara …. Viens ma belle n’aie pas peur ».. (ben moi, j’aurais déjà reçu une fessée) j’entends là-haut une course poursuite, et un « ca y est je la tiens ! » (j’espère qu’ils ne l’ont pas attrapée par la queue comme moi la dernière fois !) Sa maîtresse l’a prise dans les bras et lui dit des mots doux en la caressant, puis la pose par terre e. Tara est repartie sous un meuble et je sens à son regard que ce n’est pas la peine d’aller la voir. Elle finira bien par sortir lorsqu’elle aura faim et soif dit sa maîtresse.
La nuit est arrivée, et Tara sort craintivement de dessous le meuble, elle a faim et me demande où sont les toilettes. Je vais pouvoir tranquillement faire la causette avec elle, Volga dort, Uranie aussi et nous avons tout le salon pour nous deux.
« Allez vient, saute sur le canapé, il n’y a personne, tu verras les coussins sont moelleux ».
Tara me regarde éberluée
« tu as le droit de monter sur le canapé ? » « Non, mais la nuit je ne me gêne pas, déjà je n’ai pas le droit de monter à l’étage sur les lits, alors le canapé, je ne résiste pas».
Tara vient à côté de moi et ronronne. Je suis aux anges, comme elle est belle, comme ses poils sont longs et soyeux, comme elle a des grands yeux, un joli museau rose avec de grandes moustaches, un corps musclé et bien proportionné. Ah, je me mets à rêver, je me vois dans un grand panier avec Tara et plein de petits châtons, roux, écailles de tortue, noir, gris …. Je ronronne de plaisir et je lèche doucement le poils de ma compagne qui se laisse faire sans protester.
Elle a des étoiles dans les yeux, elles brillent de mille feux et me transpercent le cœur, allez un peu de courage, je toussote un peu, me racle la gorge, m’étire.
-Tara, tu sais tu es… tu es… une persanne !
-Ben oui quelle question. !
- Oui, tu es une persanne comme moi !
-Oui et alors ?
Ben , je me sens tout idiot, ben, c’est–à-dire que …
Je me jette à l’eau,
« tu crois que nous pourrions avoir une portée de petits châtons » !
Et là, et là, vous me croirez si vous voulez, mais elle a éclaté de rire, un rire énorme qui a fait mal à mes oreilles et à mon cœur :
« mais mon pauvre Petrus, tu es CH A T R E ! ».
Heureusement que les chats ne rougissent pas, parce que j’ai eu très honte, je suis descendu en courant du canapé et je suis allé me coucher sous le meuble .
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