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  Une histoire de l'école...
Par Siffreine, le jeudi 10 novembre 2005 à 10:59
Général - Article N° 511 Lien, rss

2em volet

EN VILLE, UN NOUVEAU MODÈLE PÉDAGOGIQUE
En toutes régions, la ville dispose de privilèges scolaires considérables. La concentration des fonctions administratives, ecclésiales et commerciales crée un contexte très favorable à l’alphabétisation. En 1672, les 166 quartiers scolaires de Paris sont dotés chacun d’une école de garçons et d’une école de filles. Lyon dispose, en 1752, de cent écoles, réparties à égalité entre filles et garçons.
Plus dense, l’offre scolaire urbaine est également plus diversifiée. Certains couvents ouvrent leur noviciat à des élèves externes ; des maîtres écrivains enseignent l’écriture et la calligraphie, l’arithmétique et la tenue des comptes, toutes connaissances utiles aux carrières du négoce. Les villes, surtout, sont les principales bénéficiaires des écoles gratuites pour les pauvres, que multiplie, à partir du milieu du XVIIe siècle, l’élan missionnaire de la Contre-Réforme. Ces écoles de charité, financées par de pieux notables, ont pour objet de donner aux enfants des milieux populaires une éducation chrétienne ainsi qu’une morale sociale conforme aux intérêts de la cité. En 1666, Charles Démia attire ainsi l’attention des échevins de Lyon sur le sort de ces enfants qui, faute d’une instruction convenable, deviennent « indociles, libertins, joueurs, blasphémateurs, querelleux, s’adonnent à l’ivrognerie, à l’impureté, au larcin et brigandage » et se propose d’en faire « de bons serviteurs de Dieu, de fidèles sujets de Sa Majesté, de sages citoyens de leur ville ». Ces préoccupations donnent naissance à une floraison de congrégations nouvelles, au premier rang desquelles se tient l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes, fondé, à partir de 1678, par Jean-Baptiste de La Salle, et qui, un siècle plus tard, est implanté dans 116 villes où il accueille 32 000 élèves.
Cette dynamique urbaine est propice à l’éclosion de théories et de pratiques innovantes. L’Escole paroissiale, publiée en 1654 par Jacques de Batencour, prêtre et maître d’école parisien, les écrits de Démia, la Conduite des écoles chrétiennes de J.-B. de La Salle (1720), s’attachent à définir la classe modèle. Transformer le groupe d’enfants en une classe organisée et disciplinée, telle est leur préoccupation commune. À chaque apprentissage doivent correspondre des groupes de niveaux ou « bandes » (les « commençants », les « médiocres » et les « avancés ») qui exécutent des tâches identiques et disposent des mêmes livres. Ainsi naît la méthode simultanée, concurremment à la vieille méthode individuelle pratiquée par les régents. « Le maître, précise J.-B. de La Salle, aura soin de mettre les enfants dans la bande ou la classe dont ils seront capables, qu’ils aient tous des livres de la même impression et de même caractère avec la même leçon. » Chaque activité doit s’enchaîner, sans perte de temps, avec la suivante. Le silence est de règle, depuis l’entrée jusqu’à la sortie de la classe, « un silence si exact qu’on n’entende pas le moindre bruit même des pieds ». Une surveillance omniprésente veille au maintien de la discipline. Les contrevenants reçoivent des pénitences (des pensums), plus rarement des châtiments corporels. Des récompenses, images ou livres pieux, sont prévues pour les bons élèves.
À cette organisation nouvelle correspond une topographie nouvelle. Dans les écoles à plusieurs classes, comme en tiennent les frères lasalliens, des groupes de niveau peuvent être séparés et enseignés par des maîtres distincts. Dans l’espace de la classe, tables et bancs sont répartis en fonction des apprentissages. Ainsi les planches murales qui font leur apparition, pour le catéchisme et la lecture, déterminent l’emplacement de leurs usagers : « Les bancs de ceux qui lisent dans la table (i.e. planche) de l’alphabet et des syllabes n’en seront ni trop près ni trop éloignés, afin que les écoliers qui y liront puissent y voir et y lire facilement les lettres et syllabes. » La place des élèves est elle-même étroitement liée à leur progression individuelle : l’élève qui obtient de mauvais résultats peut être rétrogradé vers le banc d’infamie ou « banc des ignorants » jusqu’à ce qu’il mérite de réintégrer sa place.
Par son organisation méthodique, la classe lasallienne affiche sa modernité. Sans doute la pratique quotidienne des maîtres congréganistes dut-elle souvent s’écarter des prescriptions savantes de la Conduite des écoles chrétiennes. Il reste qu’avec l’école des frères, la pédagogie élémentaire se dote d’un véritable modèle pédagogique, auquel se référeront ensuite tous les promoteurs de l’instruction populaire.
DE GUIZOT À DURUY : L’ÉTAT ENTRE EN SCÈNE
Impuissante à mettre en œuvre un système généralisé d’instruction publique, la Révolution n’en affirme pas moins la responsabilité de l’État en matière d’éducation. Sans remettre en cause ce principe, le Consulat et l’Empire abandonnent de facto les « petites écoles » aux bons soins des communes. Le retour de la paix, en 1815, crée toutefois un climat favorable à l’instruction populaire. Les congrégations religieuses, à nouveau autorisées, sont très sollicitées. L’Église voit en elles les instruments d’une reconquête spirituelle de la France contre les idéaux de la Révolution. En revanche, pour les notables libéraux, inquiets des ambitions cléricales, l’école du peuple doit être avant tout un outil de progrès moral et social, et contribuer à la prospérité du pays. Leur conviction est que « les peuples ne sont malheureux que par l’ignorance » (Charles de Lasteyrie). Ces idéaux président à la naissance d’une association puissante, la Société pour l’instruction élémentaire (SIE), qui essaime rapidement dans la plupart des départements.
Pour pallier la pénurie d’écoles et de maîtres dont souffre le pays, la SIE promeut une méthode nouvelle, importée d’Angleterre : la méthode mutuelle. Dans l’école mutuelle, où les élèves sont instruits par leurs condisciples les plus avancés (les moniteurs), la classe peut en effet accueillir plusieurs centaines d’enfants. Ces derniers, installés à de longs pupitres, sont répartis en groupes de niveau à configuration variable selon les matières. Les exercices s’effectuent sous la conduite des moniteurs particuliers, eux-mêmes subordonnés à un moniteur général. Le maître, véritable chef d’orchestre, coordonne du haut de sa chaire cette mécanique complexe, par un système de signaux visuels et sonores. La méthode introduit une innovation capitale : l’apprentissage concomitant de la lecture et de l’écriture, et fait appel à des outils pédagogiques encore peu usités, comme l’ardoise qui économise le papier ou les tableaux muraux autour desquels les groupes font cercle au moment prescrit. À son apogée, dans les années qui suivent la révolution libérale de 1830, la méthode mutuelle est pratiquée dans près de deux mille écoles, essentiellement urbaines.
La France rurale, il est vrai, est davantage marquée par la routine pédagogique et la sous-scolarisation que par la concurrence entre mutuels et ignorantins. En 1830, plus du tiers des communes sont encore dépourvues d’école. Pour François Guizot, ministre de Louis-Philippe, le temps est venu de donner à l’instruction primaire une impulsion nouvelle. Sa loi du 28 juin 1833 impose aux communes d’entretenir, seules ou en association, une école publique. Pour améliorer la compétence des maîtres, il est prévu d’ouvrir une école normale par département et le niveau des brevets de capacité, instaurés en 1816, est accru. L’État intervient également dans le débat pédagogique. Au grand désappointement des tenants de l’école mutuelle, Guizot tranche en faveur des méthodes simultanées ou « mixtes », inspirées du modèle congréganiste.
La multiplication des écoles reste, après Guizot, une priorité gouvernementale à laquelle ne dérogent ni la loi Falloux (1850) qui incite à ouvrir des écoles pour les filles, ni celle de Victor Duruy (1867) qui accroît les obligations scolaires des communes et les encourage à pratiquer la gratuité. Dès 1863, il n’y a plus que 2 % de communes dépourvues d’écoles ; et la France compte près de 70 000 écoles contre 42 000 en 1832. Dans cette bataille pour l’école, l’enrichissement du pays, et en particulier celui des campagnes sous le Second Empire, constitue un atout majeur. Il facilite notamment l’appropriation par les communes de leurs locaux scolaires et, de plus en plus fréquemment, la construction de bâtiments neufs. C’est ainsi que les villages commencent à se doter d’une véritable maison d’école. Selon les prescriptions du ministre Rouland (1858), celle-ci doit être « simple et modeste, mais commode, isolée de toute habitation bruyante ou malsaine » et la salle de classe « planchéiée, bien éclairée, accessible aux rayons du soleil » et bien aérée. Depuis 1851, la classe comporte, réglementairement, des tables-bancs, une estrade pour le maître, un poêle, et, sur les murs, un tableau noir, des maximes religieuses et de morale, des planches pour la lecture, le calcul et le système métrique, une carte de la France, une autre du département. Mais bien des témoignages démontrent que ces exigences limitées sont encore loin d’être partout satisfaites en 1870.

La classe rêvée de François Guizot
Le statut sur les écoles primaires, édicté par François Guizot dans le prolongement de sa loi du 28 juin 1833, dresse le premier portrait officiel d’une classe modèle. Fidèle à la méthode simultanée, cette classe aura trois divisions regroupant les élèves par âge et par niveau. Si la taille de l’école le permet, ces trois divisions formeront autant de classes distinctes. Dans la première, de 6 à 8 ans, les enfants apprennent leurs prières et s’initient à la lecture, à l’écriture et au calcul verbal (nous dirions mental). Dans la seconde, de 8 à 10 ans, s’y ajoutent l’instruction morale, l’histoire sainte, le « calcul par écrit » et la grammaire. Dans la troisième, au-delà de 10 ans, apparaissent la doctrine chrétienne, l’initiation à l’histoire et à la géographie de la France, le chant et le dessin linéaire. « Nul élève ne sera admis dans une division supérieure, s’il n’a prouvé [...] qu’il possède suffisamment tout ce qui est enseigné dans la division inférieure. » À cette organisation pédagogique correspond une organisation matérielle. Chaque élève disposera d’une surface minimale de 80 cm2. La classe comportera « au moins un grand tableau noir sur lequel les élèves s’exerceront à écrire, à calculer ou à dessiner. » Sur le mur ou sur des tableaux mobiles, « seront tracées les mesures usuelles, la table de multiplication, la carte de France, la topographie du canton ». Enfin, « la table du maître sera placée sur une estrade assez élevée pour qu’il puisse voir facilement tous les élèves ».
Le maître doit en effet veiller à l’assiduité des élèves, qu’attestera la tenue d’une « liste journalière de présence », et à l’observance de la discipline, selon un système gradué de récompenses et de punitions, ces dernières excluant formellement les châtiments corporels.
Ce modèle, apparemment éloigné de la réalité quotidienne des écoles, fixe néanmoins un cap dont on ne s’écartera plus guère.
A suivre......(si toujour interessés...)


Commentaires :
1. Le vendredi 11 novembre 2005 à 11:53, par jaldane
 
j'aime bien si c'est très intéressant, je trouve dommage que les gens qui lisent ne mettent pas de commentaires, car on pense que cela n'intéresse pas, et cela décourage les rédacteurs.

 
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