Ce matin j’ai décidé d’aller faire un grand tour, le ciel est bleu, les oiseaux chantent, je suis d’humeur champêtre. A l’accoutumé, je prends la poudre d’escampette lors de la sortie matinale de Volga et le maître a beau crié « Petrus, reviens ici » peine perdue, je suis déjà loin…..
Dans la maison qui se trouve en contre-bas, j’ai repéré une superbe chatte noire et blanche. Elle est nouvellement arrivée dans le quartier, une visite de politesse s’impose. La chatte en question se repose sur un banc de pierre du jardin et se lèche méthodiquement. Je me gratte le fond de la gorge et hasarde un « Bonjour ». La chatte relève la tête, me regarde de la tête à la queue, puis me salut. « Bonjour »…. « Je m’appelle Minette et toi ? » « Petrus, je m’appelle Petrus, je suis le voisin de la maison qui surplombe la tienne »
Minette se lève et m’invite à venir me reposer dans la cave par laquelle elle accède par la porte du garage. Je la suis. Dans la cave, il y a plein de bouteilles de vin, des pommes de terre, des vieilles valises et un tas de bric-à-brac que je ne connais pas.
Une partie du mur s’est écroulé au fond, il y a des pierres qui s’entassent, la maison a été construite sur des rochers. Minette me dit qu’elle vient de la région parisienne où elle n’avait pas de jardin, ni de copain et qu’elle est heureuse d’être venue dans la région. Après s’être échangé nos impressions, elle me dit « je reviens » elle sort et au moment ou elle sort, la porte du garage se ferme violemment et je me retrouve tout seul dans le noir sans pouvoir sortir.
Je me dis « ce n’est pas grave, Minette va revenir, je n’ai qu’à m’installer sur une valise et attendre ». Les heures passent et pas de Minette, pas de bruit. Je commence à avoir assez, j’ai faim, j’ai soif. Je miaule de plus en plus fort, mais aucun écho à mes miaulements qui finissent par être désespérés.
Je vais voir vers les pierres qui se sont éboulées, mais l’une d’elle, tombe et je reste coincé. Cette fois-ci c’est la panique, je me mets à hurler des miaulements à fendre l’âme. Rien, je n’entends rien, pas un bruit, même pas une souris pour me distraire. J’ai très peur tout à coup, je ne vais tout de même pas finir ma vie dans ce trou, coincé entre deux pierres, sous un éboulis de sable et de rochers.
En tout cas, j’ai passé toute la nuit ainsi, puis tout à coup, je vois arrivé, une femme qui rampe et qui m’appelle « Petrus, Petrus, tu es ici ? », je miaule, mais je suis un peu terrorisé, mon premier réflexe est d’essayer de fuir, ce qui fait, écrouler encore un peu plus le sable. Mon sauveteur est à ma portée, je la reconnais, c’est Chantal, la nounou de la maison, elle est échevelée, couverte de poussières et toute rouge. « Ben mon Petrus qu’est ce que tu fais là ? on te chercher partout depuis deux jours »
Deux jours ! je suis resté deux jours ! cela ne m’étonne pas que mon estomac crie de famine !
Elle arrive à me dégager et me prend dans les bras. La sortie est folklorique parce que ma maîtresse est furieuse après la voisine.
« Comment vous avez entendu mon chat miauler toute la nuit, puisque vous dites que vous n’avez pas pu dormir, j’ai mis des affiches dans tout le quartier pour le retrouver. Il a fallu que je me fâche afin que Chantal puisse aller dans votre cave parce que vous ne vouliez pas qu’elle rentre sous prétexte que votre mari n’était pas là ! .et en plus, vous n’êtes pas contente. »
« Ha mais je n’ai pas que cela à faire répond la voisine excédée ».
Tout de même dit ma maîtresse si il était arrivé quelque chose à Petrus, j’aurai porté plainte. C’est quand même agréable de se sentir aimer.
Chantal n’a pas attendu la fin de l’altercation, elle était rentrée avec moi dans la maison, en me disant plein de mots d’amour. J’avais dans les poils plein de sable qui me grattait. Elle m’a brossé, lavé (hélas, quoique je fasse, c’est une fatalité, il faut que l’humain me lave !).
J’ai eu très très peur, je n’irai plus voir Minette, je crains que sa maîtresse ne me reçoive à coup de balai. Dommage, elle avait l’air sympathique Minette.
|