Les enfants du village ont fabriqué un bonhomme de neige dans le champs en face de la maison. Ma maîtresse leur a prêté une carotte pour faire le nez, un vieux chapeaux en feutre du maître, des pommes de terre pour les yeux, une écharpe, et un petit morceau de tissu rouge pour faire la bouche. Il manquait le balai, mais il n’existe plus les balais fait de branchage, alors un vieux balai lui a donné un petit air moderne.
Les enfants ont fait la ronde autour du bonhomme de neige et ils ont chanté des chants de Noël. C’était beau. Ma maîtresse assise derrière la fenêtre m’a prise sur les genoux et m’a raconté que dans son enfance, elle faisait des bonhommes de neige dans la cour de chez elle. Elle se souvenait des enfants qui pour la taquiner lui mettaient des morceaux de neige dans le dos, elle hurlait et riait à la fois. Cela se terminait pas une bataille de boules de neige où elle rentrait gelée, rouge et échevelée. Elle me dit :
« Tu vois Petrus, les enfants ne maintenant n’ont pas tellement changé, malgré les jeux vidéos, ils aiment encore se rouler dans la neige, descendre la petite colline sur une luge et faire des batailles de neige. Comme j’étais à la ville, la neige devenait rapidement noire et collante, ici, tout reste magique. Je me souviens de ma première rencontre avec la neige sur une grande étendue. C’était dans l’arrière pays niçois, l’eau de la rivière était gelée, les arbres avaient dans leurs branches des cristaux de neige qui s’égouttaient doucement, le soleil les faisant miroiter de toutes les couleurs. Cinquante ans après, je me souviens encore de ce paysage féerique , j’entends encore le bruit des stalactites s’écraser sur le sol en une douce musique. Je me souviens du bruit des pas dans la neige qui crissaient et faisaient un chemin artificiel vite recouvert. »
Le bonhomme de neige a perdu un œil, car le soleil est venu caresser son visage. Il est borgne. Aussi avec Volga nous lui apportons des pommes de terre à ses pieds, mais il ne bouge pas. Il s’est un peu tassé et a perdu de sa hauteur, son chapeau est de travers, la carotte qui lui sert de nez penche dangereusement. Je suis triste, j’aimais bien ce bonhomme de neige.
Mon maître a ri de nous voir apporter les pommes de terre au pied du bonhomme de neige, il est venu avec une pelle et a consolidé, le bonhomme qui l’a appelé Arthur. Il lui a remis son œil et son nez, redressé son chapeau. Pourtant m’a t il dit « Tu sais Petrus, le Bonhomme de neige va fondre, c’est ainsi tous les hivers, mais ne t’inquiète pas, l’année prochaine nous en referons un.
Aujourd’hui, il n’y a plus de neige, et le bonhomme s’en est retourné à la terre, pourtant il est là dans mon cœur et je sais que l’année prochaine ou peut être d’ici la fin de l’hiver, les enfants continueront leurs rondes et referont des bonhommes de neige. J’arriverai presque à aimer la neige, moi.
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