Dans le monde, le taoïste est au centre, il identifie et nomme celui-ci, non pas pour intervenir , mais pour s’y intégrer, donner un cadre, et une pensée. Travailler à son salut consiste à revenir au point de départ – le Centre – afin de remettre le monde à neuf, au jour de sa genèse, de suivre le bon ordre et dans le bon sens.
Lao Ai a une source abondante de citations concernant le retour à l’Origine qui est un leitmotive du taoïsme de toutes catégories « retour au village natal », « retour à l’Un », « retour au père et à la mère Originels » « retour à la Perle » qui est l’origine du monde, « retour à l’état antérieur au Ciel et à la Terre », « revenir au moment où le mouvement et l’immobilité sont confonds, ou tout se coproduit, se régénère et se réorganise perpétuellement ».
Ensuite il construit un ensemble systématique selon le Yin-Yang et les Cinq agents, un monde en petit qui devient l’exemple et qui sert de modèle pour l’exploration, on en fait même un diagramme, une sorte de représentation symbolique avec des jalons spatio-temporels qui utilisent des repères astronomiques, numérologies. Il inscrit les frontières (c’est-à-dire des limites en tant que lieux de passages, d’échanges, des schémas géométriques simple : carré, octogone, cercle (pour aller de la Terre au Ciel ». Avec ces outils on peut faire fonctionner plusieurs niveaux homologables, le taoïste anime les dieux et images diverses qu’il met en œuvre d’une manière concrète et y introduit le devenir. Constamment, il y a une part d’ouverture, de dépassement, d’impensable, de transcendance du Tao immanent, une part de croyance à l’immortalité, de foi en un autre monde, une autre vérité, un autre corps. Longtemps jusqu’au néo confucianisme (XI ème siècle environ) le TaôIsme a été le complément – avec le bouddhisme – de la pensée chinoise, (environ à partir du V e siècle – du confucianisme classique qui répudiait le fabuleux, l’inexplicable, l’incroyable, le lointain et l’extraordinaire qui pour les Chinois avait une couleur Taoïste. On a encore du mal à cerner le taoïsme et les simples croyances populaires.
Le ciel taoïste (son panthéon, ses paradis) , son monde est dirigé vers le Centre, mais aussi vers le Haut qui ne font qu’un. Le taoïste est au centre, mais il doit aussi assurer le lien entre le haut et le bas, monter et descendre. Il le fait grâce à divers symboles, tels que des instances cosmiques divinisées, ou les trigrammes (yi jing)
Il retrouve le principe en passant par des prises de conscience par son insertion dans le monde, dans lequel il ordonne et s’ordonne, avec lequel il se concilie et s’assimile et enfin avec lequel il se réconcilie. Par rapport à l’axe du monde, en se contemplant et se situant dans le schéma géométrique orienté dans un cosmos qui est une sorte de mandala, il s’est identifier correctement et rituellement par rapport à l’axe du monde. On peut dire qu’il a retrouvé le Principe en retrouvant l’ordre du monde, le sens de son propre rapport au monde. En fait les deux mouvements font ensemble, en fait il faut ordonner le monde pour se concilier et se réconcilier avec lui et soi-même, par ce biais, il retrouve le Principe de toute chose, de soi-même, et au-delà, pour intégrer de façon cohérente l’univers tout entier
Le néo confucianisme lui a reproché d’ouvrir un abîme entre le monde intérieur et extérieur, d’avoir porter aux nues le premier et rabaisser le second, alors qu’en fait le Taoïsme au contraire, même s’il commence par l’intérieur, cherche à unir intimement le monde intérieur et le monde extérieur, mais le monde extérieur est compris comme la Nature, le Cosmos, le monde naturel, et en second comme la société des hommes.
Prochaine étude : le Panthéon
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