-Mino, Mino ! -quoi, Mozart... laisses moi dormir, pour une fois que je me couche de bonne heure ....
-Mino, viens voir !!!! étoile et moi, on vient de voir quelque chose d’extraordinaire !
-ah bon ? ben je verrais ça demain ! salut, bonne nuit !
-pfff... mais non, demain, on sait pas si il sera encore la ! -mais qui ? -ben lui !
je me retournais, un peu excédée, j’avais envie qu’on me laisse me reposer . mais avec Mozart, c’était pas toujours facile !
-alors, qui ça lui ? je m’assis sur mon lit en attendant l’explication du pourquoi on me réveillait, et je vis mes deux domos avec une lueur peu commune dans les yeux ... mais qu’avaient ils vu ????
-regardes Mino, la haut, me fit Mozart en tirant le rideau et me montrant une forme dans le ciel ... -ben quoi, c’est un nuage ! Etoilebleu tendit la lumière qu’il portait toujours avec lui, pour me faire voir la chose qui se tenait, là, dans le ciel, juste au dessus des isbas ...
Je remarquais qu’effectivement, le nuage n’était pas ordinaire, il émanait de lui un halo bleuté, qui laissait entrevoir une forme ombragée qui se déplaçait sur le nuage...
-en effet, c’est singulier, fis-je...Etoile rajouta qu’il n’avait encore jamais vu quelque chose de ce genre, surtout la nuit ! tous les nuages sont gris, la nuit, me fit-il... Mozart lui rétorqua que ce n’était pas les nuages, qui étaient gris la nuit, mais les chats . Ne tenant pas à entendre encore une fois leurs jérémiades de domos infantiles, je coupais court à toute réflexion supplémentaire.
-mais où est mmm ? fis-je ;
-je sais pas, il était la tout à l’heure, il est peut-être parti manger du pain ou à l’écurie pour brosser les chevaux ? -écoutes , Mozart, vous avez beau être des esprits de maison, vous avez quand même le droit de dormir la nuit ! je ne vous ai jamais obligé à travailler une fois la nuit tombée ! -bon, je vais le chercher, dit étoile. Et il partit à sa recherche aussitôt.
En me penchant par la fenêtre de mon isba, quelle ne fût pas ma stupéfaction de voir là, au milieu de la clairière une bande de petits domos, tous jeunes, la tête levée en l’air, en train de contempler le fameux nuage qui avait attiré l’attention de mes deux esprits ... ils avaient l’air très absorbés par la contemplation de cette ombre qui bougeait, sur le nuage la haut, et .... mais oui ! l’ombre parlait ! je ne l’entendais pas, mais eux, les petits domos, ils l’entendaient ! ils lui souriaient, même !
Mozart et étoile revinrent quelques instants plus tard, affolés, de ne pas trouver leur nouveau compagnon, que nous avions adopté suite à la disparition prématurée de son petit maître ...
- Mino, Mino, il est perdu, mmm, il est parti ! on a pas du le nourrir assez ! il en a eu marre, il a fait son baluchon, et il est parti !
Il éclata en pleurs, en disant que c’était de sa faute, qu’il n’avait pas su s’occuper de lui .... étoile n’en menait pas large non plus ... je les rassurais, en leur disant qu’ils avaient toujours été à la hauteur, et que non, il ne devait pas être bien loin ... on allait le chercher ... !
Puis, mon attention fut attirée tout d’abord par les vêtements des petits, dehors ... ils portaient tous la même blouse, avec, pour les différencier, une lettre brodée sur leur blouse ... je vis aaa, bbb, zzz, kkk, iii, puis.... mmm, accompagné de nnn, et bien d’autres encore ... c’était eux, nos petits adoptés, qui s’étaient tous retrouvés là, ce soir, pour écouter quelque chose qui venait du nuage ...
-regardez, Mozart, étoile ! il est là notre mmm !!!! avec ses frères ! allons voir, doucement, ce qu’ils écoutent !
-oh oui, je les vois tous ! je peux les compter ! il y en a 25 . non ! 26 ! c’est l’alphabet ! ils sont tous là !
nous nous approchâmes du groupe pour tenter d’écouter ce qui se disait, mais Mozart était un incorrigible bavard, et il n’avait pas eu le temps de dire trois mots que tous s’étaient retournés vers lui, le doigt devant la bouche pour lui dire : Chuuuuut . On écoute, c’est Nicolas qui nous parle !
je n’entendais rien. Mes amis non plus . ils faisaient trop de bruit ... puis la foule se faisait plus dense, étant donné que les autres parents adoptifs, alertés par la disparition de leurs protégés nous avaient rejoint...
il se passa à ce moment une chose incroyable, magique, et féerique ... le nuage s’accrût en intensité, jusqu’à éclairer toute la clairière où nous nous trouvions, puis, nous entendîmes la voix faible d’un petit garçon qui nous disait :
-ne vous inquiétez pas pour moi, mes amis ! là où je suis maintenant, je suis heureux. Je ne souffre plus, et je suis venu vous dire que je vous aimais tous, mes petits, et vous, mes amis, qui avez pris soin de les recueillir lorsque je n’ai plus eu la force de m’occuper d’eux . je leur ai demandé d’être bien sage, d’être de bons domos, et je vous dis à tous que je veille sur vous, de mon petit nuage, qui m’enveloppe de sa chaleur bienfaisante ...
Nicolas nous regardait, tous, son regard transperçait le notre , et chacun de nous avions ressenti à la fois la paix, et l’amour de son âme de petit garçon trop vite parti ...
Nos domos et nous, les maîtres, décidèrent de laisser entre eux les jeunes de l’alphabet, inséparables, et nous nous écartâmes du cercle pour à ce moment apercevoir que tous les petits se donnèrent la main, se mirent en cercle et cinq de ces petits se déplacèrent dans le centre du cercle façon à former un mot, un seul. Le A se déplaça en premier, puis alla chercher le M qui alla chercher le O qui tendit la main au U, et le R vint finir la ligne .
Tous se retournèrent une dernière fois vers le nuage, et agitèrent la main en signe d’au revoir ; et moi, je vis Nicolas sourire .
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