Pour moi, il convient de différencier les profs de sport des non-profs de sport.
Jugez de la pertinence de mon opinion :
Les profs de sport sont à part pour une foule de raisons :
1) Ils ont une langue à eux : (étude réalisée sur un échantillon français) :
a) au niveau du lexique :
Un exemple probant est l’acception qu’ils ont du mot « fonctionner » : « on va fonctionner en équipes de trois» = on va jouer en équipes de trois « hé tu ne fonctionnes pas là » = tu n’arrives pas à réaliser l’exercice demandé « hé vous ne fonctionnez pas là » = vous n’arrivez pas à jouer en équipe
A noter que si son chronomètre venait à ne plus fonctionner, le prof de sport dira qu’il « ne marche pas ». Curieux.
Un autre exemple, si vous dites « ça ne circule pas » à un non-prof de sport, il prendra un air compatissant et maudira les embouteillages des heures de pointe. Mais la même phrase prononcée devant un prof de sport suscitera une toute autre réaction : énervé, il maudira ceux qui se la jouent « perso » (un autre mot de son lexique particulier) et qui ne passent pas la balle aux autres.
Oui, vous avez bien lu « la balle ». Sur un terrain de foute ou de basquette-bole , le prof de sport parlera de « frappe de balle puissante», criera « sortie ! Aux jaunes la balle » , alors que n’importe quel néophyte voit bien qu’il s’agit en fait d’un ballon.
b) au niveau de la grammaire :
Les profs de sport ont une grammaire différente de celles des non-profs de sport. On peut notamment citer l‘agrammatisme « à eux la balle » au lieu de « donnez-leur la balle (ou plutôt le ballon, faut-il le rappeler) ».
Un autre exemple intéressant : le prof de sport incite ses élèves à crier « j’ai » si ceux-ci sentent qu’ils vont attraper le ballon. Or, vous l’aurez bien compris, ils n’ont pas encore attrapé le ballon : « j’aurai » ou « je vais l’avoir » seraient plus justes. Ainsi, le prof de sport ne fait pas la distinction passé/présent/futur pourtant utilisée dans sa langue maternelle, mais va préférer opposer l’aspect accompli (équivalent de notre présent et de notre futur ; synthétisés par l'emploi du présent chez les profs de sport, comme nous venons de le voir) à l’aspect inaccompli (équivalent du passé). Bizarre.
2) Ils ont une organisation sociale qui leur est propre :
Le prof de sport a l’esprit conditionné par des années de sport collectif (qu'il appelle sporco). Alors que la psychologie sociale et l’ethnologie opposent dans un groupe organisé les dominés aux dominants, le prof de sport va préférer y voir des attaquants et des défenseurs. Mieux, j’en ai rencontré certains qui distinguent les joueurs passifs (ceux qui n’ont jamais le ballon mais ne le veulent pas non plus) aux joueurs actifs (ceux qui crient « j’ai » alors qu’ils n’ont rien). Les joueurs actifs étaient encore subdivisés en plusieurs catégories suivant leurs « efficacité » dans le jeu. Que conclure de tout ça ?
C’est simple, le prof de sport a une vision de la société où l’intérêt du groupe (gagner) prime sur le désir individuel (« j’ai pas envie de jouer » ou « je veux le ballon pour dégommer les lampes du gymnase »). La dichotomie attaquants/défenseurs est typique d’une société belliqueuse. Vous l’aurez compris, on a affaire à une organisation sociale proche de celle des insectes sociaux.
L’abnégation et la dépersonnalisation que cela implique sont sans doute à l’origine de la disparition du patronyme des profs de sport. En effet, ils se font appeler par leur prénom, qui tient lieu de matricule dans leur société.
3) Ils ont un comportement étrange : Il n’est pas seulement dû à leur organisation sociale.
Les profs de sport sont les seules personnes au monde qui travaillent en joguinegue. Cet accoutrement étrange est un obstacle à leur intégration parmi les non-profs de sport, qui sont, faut-il le souligner, majoritaires.
Le prof de sport souffre d’affections bronchiques chroniques. Plusieurs facteurs ont été évoqués pour expliquer cette pathologie curieuse. Le premier est le fait que le prof de sport reste souvent dans le froid à regarder ses élèves courir en rond, un peu comme un gamin hypnotisé par ses trois poissons rouges. Deuxième facteur, le tabagisme très répandu chez les profs de sport, qui les aide notamment à supporter la pression engendrée par leur organisation sociale étouffante. Troisième facteur, le rituel d’échanges de sifflets. Ce rituel consiste à prêter son sifflet à un autre prof de sport qui a perdu le sien ou à un élève promu au rang d’arbitre (distinction honorifique). L’échange de sifflets marque donc l’amitié, le respect ou peut symboliser la confiance accordée à l’élève (« je te prête mon sifflet, je te fais confiance, ne l’avale pas »).
Enfin alors que les non-profs de sport lisent l’heure sur leur montre ou sur leur portable pour les sujets jeunes, le prof de sport la lit sur son chronomètre, attribut de sa fonction au même titre que le sifflet et les feuilles de résultats des matches.
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5. Le mardi 4 avril 2006 à 07:41, par soleildoctobre
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Ben écoute, je dois avoir pas mal d'humour, faut croire... car si je lisais un écrit du genre sur les profs de français, ça me ferait autant rire, je ne le prendrais pas mal, bien au contraire! L'auto-dérision, c'est quand même quelque chose de bien pour l'égo! |
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