en particulier la France, de 1347 à 1351.
Dès l'antiquité, on donne le nom de pestes à toutes les épidémies qui font un grand nombre de victimes, sans que l'on puisse savoir aujourd'hui s'il s'agissait véritablement de la peste.
Mais en 1347, c'est bien la peste qui apparaît en Europe.
Partie d'Asie centrale, elle a gagné la Chine et l'Inde avant d'atteindre les bords de la Meditérranée.
En 1347, des Tatars venus du lac Baïkal, porteurs de germes de la maladie, assiègent un port de Crimée. Plutôt que d'utiliser des boulets, ils expédient leurs morts en guise de projectiles.
Les marchands italiens qui parviennent à s'enfuir de la ville assiégée ramènent ainsi la maladie en Europe.
Transmis essentiellement par la puce du rat, le bacille est celui de la peste bubonique, qui se caractérise par l'apparition de bubons ( inflammation et gonflement des ganglions lymphatiques.) à l'aine, aux aisselles et au cou.
Son dévellopement est extrèmement rapide, 50 à 70 % des personnes atteintes meurent moins de cinq jours après la contamination.
En France, les premiers cas de peste noire, que l'on appele aussi parfois peste de Florence, apparaîssent dans le Midi, au printemps 1347.
Marseille est atteinte au mois de Novembre, puis le Languedoc, Avignon, la Bourgogne, Paris, l'Île de France, la Normandie, la Bretagne, le nord de la France enfin.
En 1349, l'épidémie gagne l'Angleterre et l'Allemagne, l'Europe centrale est atteinte à son tour.
La terreur s'abat sur l'Europe, qui n'a jamais connu un tel fléau.
On estime le nombre de morts à 25 millions. En France, certaines provinces perdent les deux tiers de leur population. Le chroniqueur Froissart affirme que 16 000 personnes sont mortes à Marseille, 30 000 à Avignon, 45 000 à Lyon, 80 000 à Paris.
La médecine est impuissante à enrayer l'épidémie.
Pourtant, dès l'apparition de la maladie, Philippe VI demande à la faculté de rechercher les remèdes susceptibles de combattre la "pestilence".
Médecins et astronomes remettent bientôt au roi un traité qui recommande d'allumer des feux de bois odoriférants, de se baigner dans l'eau chaude, de ne pas trop manger; les viandes seront de préférence rôties ou accompagnées d'épices si elles sont bouillies. L'eau doit être distillée ou bouillie.
Les médecins recommandent enfin de " faire abstinence de femme..."
Quant aux remèdes, ils se limitent aux laxatifs et aux saignées qui aboutissent, en fait, à affaiblir le patient, plus réceptif encore à la maladie.
Le clergé organise des processions solennelles, tandis qu'apparaîssent, dans le nord de la France, les flagellants, avec tous leurs excès, finalement condamnés par l'Eglise.
En fait, les populations luttent essentiellement contre l'épidémie par la fuite, gagnent les campagnes et les forêts où elles se réfugient dans des cabanes. Ceux qui ne s'enfuient pas s'enferment dans leurs maisons, comme l'imposent bientôt les autorités. Si la peste pénètre dans la maison, ces dernières font clouer portes et fenêtres. Seule une fenêtre reste entrouverte, pour que l'on puisse ravitailler les habitants de la maison, à moins qu'on ne les oublie.
Lorsque les morts deviennent trop nombreux, on se contente souvent de les jeter dans les rues où les ramassent les membres des confréries. Les cadavres, entassés dans des charettes, sont ensuite hâtivement enfouis dans des fosses communes, hors des agglomérations.
Cette terrifiante épidémie s'accompagne de nombreux excès.
Les survivants, angoissés, craignant de n'avoir que quelques jours à vivre, dilapident leur fortune.
Comme souvent, on s'en prend aux Juifs, accusés de répandre volontairement la peste : des bûchers s'allument à Narbonne, à Carcassonne.
Semis et récoltes ne peuvent être éffectuées en 1348. Aussi, quand l'épidémie s'éloigne, la famine lui succède-t-elle. La plus grande partie des impôts ne peut être recouvrée : les finances royales, déjà mal en point du fait de la guerre, en sont encore amoindries.
Le manque de main d'oeuvre entraînant une considérable hausse des salaires, les autorités, à la demande des maîtres, interviennent pour les fixer.
Cette peste noire réapparaît dans la seconde moitié du siècle, en 1379 notamment, provoquant de nouvelles paniques...
Dictionnaire d'Histoire de France
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