.....à proprement parler inventé l’alphabet, ont donc joué un rôle capital dans le développement de la civilisation occidentale. Le terme même d’ «alphabet» est issu de la combinaison du nom des premières lettres de cet ensemble de lettres qui servit à transcrire la langue grecque: alpha et beta. Le terme d’alphabetos n’est apparut que tardivement dans la langue grecque, après que le bas latin eut bricolé ce terme barbare. Les Grecs utilisaient pour désigner leurs lettres l’expression ta grammata. L’écriture a d’abord été en Grèce, le fait des commerçants et des prêtres. Les premiers écrits en vers furent des chants religieux et des formules magiques, et les premiers écrits en prose, des contrats de prêt. Mais elle a également permis la fixation des textes littéraires les plus parfaits, qu’il s’agisse de «la grande houle» des vers d’Homère ou du flot paisible de la prose de Platon. Son histoire n’est toutefois pas linéaire. L’alphabet grec tel que nous le connaissons aujourd’hui, est en effet le fruit d’une longue maturation qui a duré près de cinq siècles. Du phénicien au grec La langue d’Homère, de Platon, de Sophocle a été couchée par écrit non par le biais d’une invention grecque, mais par l’adaptation d’un système alphabétique né ailleurs sur les côtes méditerranéennes.
Les écritures grecques archaïques Ce qui semble bien être le plus ancien exemple d’écriture en Grèce est constitué par des pictogrammes retrouvés en Crète et encore indéchiffrés (entre approximativement 1750 et 1650 av. J-C). C’est une écriture cursive dont la graphie repose essentiellement sur la composition de lignes. Elle utilise 76 signes syllabiques dont 6 différents de signes idéogrammiques et numériques, dont des fractions. Un peu plus tardivement (entre 1680 et 1580 env.), une nouvelle écriture se répand. Cette écriture cursive, utilisant 158 idéogrammes, 87 signes syllabiques, 11 signes de poids et de mesure, 5 signes numériques, fut déchiffrée par des Britanniques grâce aux techniques employées par l’Intelligence Service au cours de la Seconde Guerre mondiale pour décoder les messages de l’armée allemande. Il s’agit d’une écriture à la fois syllabique et idéographique. Cette écriture note une langue grecque mais cessa d’être utilisée vers 1100. L’île de Chypre connut également un système d’écriture, un syllabaire en usage jusque la période hellénistique (IIème siècle).
L’alphabet, une invention phénicienne C’est donc plutôt du côté du Levant qu’il faut chercher l’origine de l’alphabet grec. L’ancien alphabet sémitique est d’abord un emprunt à la civilisation égyptienne. Le principe de fonctionnement de cette écriture pseudo hiéroglyphique était celui de l’acrophonie: chaque pictogramme symbolisait le tout premier son du mot sémitique représenté. Le signe de la maison, baytu représentait la « lettre » ‘B’. Or, dans toute langue sémitique, un mot ne peut commencer que par une consonne; un alphabet acrophonique ne peut donc qu’être consonantique. L’influence égyptienne n’est pas l’unique influence. Le puissant royaume d’Akkadie s’étendait alors et sa civilisation se répandait avec au premier chef sa langue et son système d’écriture, le cunéiforme. Sur des tablettes d’argile une sorte de petit burin permettait de graver de petites encoches, des coins. Le système d’alphabet hiéroglyphique des Cananéens fut transposé sur ces supports par ce type d’outils aux alentours du XIVème siècle avant J-C. Les principales traces de cette transposition sont celles laissées à Ugarit, l’actuel Ras Shamra, dont le fameux abécédaire à 30 signes cunéiformes est l’exemple le plus frappant. Le cunéiforme disparu, l’alphabet linéaire poursuivit son évolution. Avant la fin du XIIème siècle avant J-C, l’alphabet classique de 22 lettres arrivait à maturité après un millénaire d’évolution depuis l’invention des hiéroglyphes. La graphie des lettres se stabilisait de même que le sens de la lecture qui se faisait désormais de droite à gauche. L’alphabet phénicien découpait la syllabe en unités simples, les consonnes, et négligeait les voyelles qui servaient à les prononcer. L’acquis décisif demeurait: l’utilisation d’un ensemble réduit de signes graphiques pour symboliser la langue articulée. La problématique grecque La langue grecque, qui appartient au groupe indo-européen comme le persan, le sanscrit et la plupart des langues européennes, offrait des particularités qui en rendaient la notation difficile, que ce fût par l’écriture syllabique crétoise ou par l’écriture alphabétique consonantique phénicienne. En effet, la difficulté inhérente à toute écriture syllabique est de rendre la consonne isolée, non suivie d’une voyelle. Or les groupes de deux ou trois consonnes sont monnaie courante en grec.
La prochaine fois nous verrons l’élaboration des alphabets grecs.
(http://www.typographie.org/trajan/alpha/alpha_0.html)
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