Aucune civilisation n’atteste d’une manière aussi ancienne les arts divinatoires et constante qu’en Chine. Les plus anciens documents écrits sont des textes sur la divination
Sous la dynastie Shang du XIV au XI avant notre ère, des os scapulaires de bœuf (omoplate) et des écailles de tortue étaient employés à des fins divinatoires. Sur un grand nombre d’entre eux, les devins officiels de la cour consignaient d’une manière brève les réponses, parfois les résultats de l’oracle qu’ils effectuaient pour leurs souverains ; On a trouvé plus de 100 000 fragments de ces os, écailles fossilisées et des milliers ont été étudiés. Il semble qu’on puisse sans craindre de se tromper dire que la divination en Chine remonte à plus de 4 000 ans. Evidemment au cours des siècles les méthodes ont évolué, mais l’esprit avec lequel on la pratique reste constant : en fait il s’agit d’un acte moral par excellence, car il assure la soumission à l’ordre et aux diktats de l’univers.
On peut remarquer qu’à l’origine, toute astrologie, qu’elle soit chaldéenne, égyptienne ou aztèque semble avoir été utilisée à l’intention des potentats, car les rois, les prêtres étaient chargés d’assurés ordre et prospérité de la nation et de leurs sujets.
LA VISION CHINOISE DU MONDE
Comment les Chinois envisagent-ils les choses et quelle est leur vision du monde ? Car là est la clef de l’importance que revêt pour eux la divination, et rien n’a guère changé au cours des siècles (les Chinois restent très superstitieux même de nos jours) c’est cette permanence qui est d’ailleurs fascinante et on ne peut comprendre la Chine si on ne s’intéresse pas à son passé, à sa culture et c’est encore plus vrai en ce qui concerne l’Astrologie et de la divination.
Les paysans, après une période de nomadisme se font fixés dans des plaines fertiles du Fleuve Jaune où se situe le berceau de la civilisation chinoise, ils y trouvèrent des conditions de climat extrêmement régulières et tranchées, marquées par la mousson.
L’hiver est froid et très sec, dominé par des vents de sable venus de Mongolie, et lorsque la mousson est passée, l’été est extrêmement chaud et humide, il n’y a que de très courtes intersaisons.
Le sol était constitué principalement de loess, une poussière légère , fertile, meuble et qui demandait un travail permanent. La moindre sécheresse, les inondations nombreuses détruisaient les cultures sans que les paysans en comprennent le mécanisme, amorcé à des milliers de kilomètres.
La régularité des saisons fit penser aux Chinois que l’Ordre de la Nature était bon et qu’on pouvait le comprendre et s’y conformer, mais d’où venait le désordre ? Ils vinrent à penser que c’était l’Homme qui était la source du désordre s’il ne se conformait pas aux Lois de la nature. Le plus grand péril pour eux ne provenait-il pas des incursions des nomades des bordures ? Les Chinois sont pragmatiques et réalistes, ils ne pensèrent pas à poser le problème autrement et à voir dans les catastrophes l’action d’un Dieu, d’une déité ou des déités en colère qu’il fallait apaiser. En fait, le mal n’était pas une désobéissance à une loi morale, divine et contraignante, mais à un désordre introduit par ignorance ou par un acte inconsidéré dans un ensemble qui de lui-même tournait en rond. Ceci est si important à leurs yeux, que l’astrologie et la divination ont une très grande importance, car elle nous permet de comprendre comment agir dans l’univers si nous voulons que notre action se conforme à ses lois et surtout n’en détruise ni n’en altère l’harmonie. N’étant ni métaphysiciens, ni philosophes, ils ne cherchent jamais à expliquer le monde, mais à s’y adapter au mieux. Ce pragmatisme réaliste n’empêche pas les Chinois d’être pleins de superstitions et de croyances. Un disciple interrogeant Confucius sur la nature de l’esprit, celui-ci répondit que « ne connaissant pas la nature de la vie sur terre, il était incapable de parler de l’au-delà ». Cependant les Chinois pensent toujours « Dans le doute ne t’abstiens pas ! ». Dans l’ignorance où nous sommes de leur valeur, il vaut mieux suivre les rites et se conformer à qui s’est toujours fait.
IMPORTANCE DU CALENDRIER
L’établissement d’un horoscope Chinois ne dépend pas à proprement parler d’une astrologie au sens d’une méthode de divination fondée sur l’étude des astres et de l’influence qu’il peuvent avoir sur notre vie. En fait c’est une divination fondée sur les cycles temporels plus que sur les astres. Au Temple du Ciel, qui se trouve à Beijing (Pékin) c’est là que l’Empereur (fils du Ciel) deux fois par an se rendait pour sacrifier au ciel dont il tenait son mandat (sans le définir pour autant). Une double enceinte, au milieu d’un vaste parc rempli d’arbres, ce temple comporte deux parties bien distinctes destinées aux cérémonies :
Le sud : « Le Tertre du Ciel » formé de trois enceintes en marbres superposées. L’empereur se trouvait sur la plus haute, nu, au moment du solstice d’hiver afin de clore l’année écoulée ; Au nord : un temple avec trois enceintes de marbres également superposées, et un toit magnifique circulaire d’un bleu profond. C’est là, au jour du printemps (le 4 ou le 5 février) que l’Empereur venait implorer pour le peuple les bienfaits du Ciel, au début d’un nouveau cycle annuel. En ce jour, au tertre du Sud, l’Empereur remerciait le ciel des bienfaits de l’an écoulé et au tertre du nord, il demandait les bénédictions pour la nouvelle année. Les Chinois considèrent que le point culminant d’une saison étant l’équinoxe ou le solstice, le cycle du renouveau commençait environ 45 jours avant l’équinoxe du printemps. Cette date détermine un cycle astrologique, et c’est sur celui-là que les Chinois fondent leurs horoscopes. C’est ce deuxième cycle que l’Empereur venait inaugurer solennellement sur le tertre du Temple du Ciel
PETITE DIFFERENCE D’IMPORTANCE
Il y a à l’heure actuellement en Occident tellement de différentes méthodes d’établissement d’horoscope et de divination Chinoise, qu’il paraît opportun de préciser que par « horoscope » On entend l’étude du destin individuel et par « divination » les questions posées sur l’opportunité de faire ou ne pas faire une action. La divination, je vous le rappelle, constituait à brûler des os, ou carapaces de tortue. La tortue par son dos bombé, représentait l’image du ciel et son ventre plat, l’image de la terre. Il existait une autre façon également de faire de la divination : les « tiges d’achillée » (famille des millefeuilles) qui restent encore dans le Yi king.
L’HOROSCOPE PROPREMENT DIT
Seize siècles avant notre ère, le cycle fondamental des « soixante binômes », qui sert encore aujourd’hui à nommer les années, les mois, les jours et les heures, existait déjà. Il est attesté que les rois de la dynastie de cette époque recevaient le caractère décennaire du jour de leur naissance à titre de nom personnel. La décade était alors l’équivalent de notre semaine, c’est un peu comme si on disait « maman jeudi » ou « tante mardi ». Pour les Chinois, les caractères du nom de l’Empereur et sa date de naissance étaient sacrés et tabous car en fait, si on connaissait les caractères du nom et sa date de naissance, on connaissait son caractère et c’est sur cette démarche que se fonda l’horoscope….
Au milieu du millénaire avant notre ère, le philosophe Tsouyan a popularisé la doctrine du yin et du yang. Fondé sur la date de naissance, l’horoscope définissait le biorythme puisque chez les Chinois rien n’est statique, indiquant le tempérament tant physique, moral ainsi que le lot de chance et de malchance de chacun, non pas sous une forme prévisionnelle, mais comme une sorte de panneaux de signalisation sur la route. Il ne s’agit pas de prévisions mais de conseils, non contraignants, chacun reste libre de prendre le risque calculé ou non. Il y avait des calendriers multiples, des almanachs qui consignaient les jours fastes et néfastes, mais le plus important était celui qu’établissait en secret l’astrologue pour l’Empereur, il était toujours un peu teinté de flatteries, mais gare à ceux qui se trompaient, ils risquaient leurs vies.
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Lioazhai illustre bien le fait d’accepter quoi que ce soit comme définitif :
« C’est l’histoire d’un jeune érudit qui, au cours d’un rêve, aperçoit les deux acolytes « du Juge infernal » occupés à regarder la liste des âmes afin de les emmener devant le Juge d’Enfer. Il faisait chaud, alors il abandonnèrent cahiers, pinceaux, pour aller se désaltérer au cabaret. Le jeune lettré curieux s’approche de la liste et constate que son nom était pointé et qu’il figurait à l’appel pour le lendemain. Il attrape un pinceau et il modifie d’un trait les caractères le faisant vivre cent ans au moins, pour le coup. Les deux acolytes revenant s’aperçurent bien sûr de la rectification , mais rectifier en barrant, cela valait à avouer leur négligence ! mais tout de même, cent ans, c’était beaucoup trop ; comme toujours, en Chine, on transigea, en altérant un autre caractère. De ce fait le délai de vie fut réduit de moitié et l’affaire fut réglée à la satisfaction de chacun.
En fait cela met à jour d’une part, le fait que les Chinois gardent leur identité au fil des siècles contre vents et marées, et d’autre part, qu’ils ont de l’humour, refusent tout apitoiement, ne s’avouent jamais vaincu, la vraie sagesse Chinoise.
A suivre....
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