Magellan ouvre la voie aux Espagnols Découverte par voie de terre en 1513 par Balboa, la «mer du Sud» représente à elle seule le tiers de notre planète puisqu'elle s'étend sur près de 17 000 km dans sa largeur. Et ce ne sont pas les quelque 25 000 îles et morceaux de terre plus ou moins abordables, plus ou moins habités, qui ont facilité la tâche de nos aventuriers. Entre quête du paradis et descente aux enfers, la conquête du Pacifique reste l'une des pages les plus fascinantes de l'histoire de la découverte du globe. Le 20 novembre 1520, à la sortie du détroit labyrinthique qui porte aujourd'hui son nom, le Portugais Fernand de Magellan ressentit un tel soulagement face à l'océan apparemment calme qui s'offrait à lui qu'il le baptisa bien naïvement «Pacifique». Persuadé d'atteindre rapidement les îles à épices tant convoitées, il s'élança sans soupçonner qu'il lui faudra supporter plus de 100 jours de navigation éprouvante et de famine avant d'apercevoir la terre accueillante des îles Mariannes. Assassiné aux Philippines pour avoir pris part à des querelles locales, il laisse la gloire à Pigafetta de boucler le premier tour du monde, en compagnie de seulement 17 rescapés. Ainsi s'ouvre la seconde vague d'exploration du Pacifique, déjà conquis par les ancêtres des Polynésiens dès 400 après JC, certainement en suivant les oiseaux migrateurs. C'est désormais au tour des Espagnols de s'élancer vers l'inconnu pour poursuivre leur mission de découverte au-delà de l'Amérique. Jusqu'au début du XVIIe siècle, ils multiplient les expéditions dont les plus célèbres restent celles de Mendana et Quirós, pressés d'ouvrir de nouvelles routes vers les richesses de l'Extrême-Orient à partir de la Nouvelle-Espagne (Mexique) et du Pérou.
Quirós, le « second Colomb» Après avoir survécu au tragique voyage de Mendana, Quiros lança en 1596 sa propre expédition avec la conviction d'avoir été élu par Dieu pour découvrir un nouveau continent. Rêveur apostolique, celui qui se surnommait le «second Colomb» dictait à ses équipages des décrets de moralité et leur interdisait d'agrémenter leurs longues journées par des parties de cartes ou de dés. La rigueur morale n'empêcha pas ce personnage mégalomane de se perdre à son tour au milieu des îles. Il ne dut son salut qu'à la découverte de l'île Espiritu Santo, aux Nouvelles-Hébrides, avant de parvenir à rejoindre le Mexique, non sans que son vaisseau ait été (volontairement, dit-on) séparé du second navire de l'expédition, rentré également plus tard à bon port. Pour les Espagnols, le principal problème était de créer une liaison entre les deux rives du nord-Pacifique pour faciliter notamment le développement des Philippines. Si la navigation vers l'Est ne posait pas de difficulté grâce aux vents portants, il en était tout autrement pour le retour : les vaisseaux devaient en effet rejoindre les abords du Japon pour profiter des vents dominants ouest-est. En 2 ou 3 ans, le légendaire «galion de Manille» effectuait ainsi le tour du Pacifique entre Acapulco et Manille pour transporter métaux de la métropole ou soieries chinoises.
|