"On n'imagine pas le vivier d'auteurs potentiels que représentent les centaines de miliers d'instituteurs, et de professeurs de français dans l'Hexagone. Régulièrement, ils proposent à leur classe un sujet de rédaction qui parle des saisons, des champignons, ou du petit chat à la maison. Régulièrement embarqués sur le fragile vaisseau des corrections du dimanche après-midi (l'enseignement est un sacerdoce qui inclut dans son cahier des charges le sacro-saint sacrifice du week-end) les rédactions et leur correcteur font naufrage avant le journal de vingt heures, accrochant les hauts-fonds des basses notes, au-dessous de la ligne de flottaison du sens. Et personne n'en parle! Evidemment, le moral du capitaine coule à pic! Mais parfois il surnage, et ledit capitaine entame alors la rédaction modèle qu'il eût aimé lire. Ah! qu'il y met du coeur, tirant vers la commissure de ses lèvres un petit bout de langue, comme on tire des bords afin de remonter au vent pour regagner la côte! Voilà! Trois heures et demie plus tard, vers les minuit, il a fini! Un peu plus d'une demi-page, parfaite! Il se met vingt sur vingt. Il la lira à ses éléves, demain !"
Jean-Joseph Julaud (la littérature française pur les nuls)
Un petit clin d'oeil à Soleil qui nous ravit avec ses histoires de Lullaby.
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