Extraits de : LES DROITS DU SEIGNEUR SOUS LA FEODALITÉ - PEUPLE ET NOBLESSE - Auteur CH. FELLENS - paru en 1880
Le prieuré de Saint-Éloi (à Paris) devait tous les ans deux dîners aux chanoines de Notre-Dame, par un contrat passé au commencement du XII° siècle. Il donnait, pour le premier dîner, huit moutons, deux boisseaux et demi de froment,six écus et une obole ; et pour le second dîner, trois écus, six pourceaux, et deux muids et demi de vin, à la ''mesure des chanoines'', qui était la bonne.
• Les religieux de Saint-Geneviève devaient régaler deux fois par an les chantres de Notre-Dame. Comme ces deux repas les entraînaient dans une grande dépense de vin, et qu'ils ne voulaient pas s'en laisser manquer, ils demandèrent au pape, en 1202, de les exempter de cette redevance ; ils offrirent même de payer, pour en être quittes, une rente annuelle de quarante sous au chapitre de Notre-Dame ; mais les chantres firent valoir leurs droits si habilement, qu'on ne fit pas raison à la requête des religieux de Saint-Geneviève. Les repas continuèrent donc ; les chantres exigèrent qu'on les désaltérât bien, et eurent la malice de faire sentir aux bons moines qu'ils avaient le droit de se faire servir copieusement. Par malheur pour eux, ils s'enivrèrent ; le vin leur ôta la raison ; ils s'abandonnèrent à des indécences ; ils firent les insolents vis-à-vis des religieux. On ne dit pas autrement quel fut leur délit ; mais les moines s'en plaignirent si haut, et menacèrent si fort de faire un éclat, que, pour les apaiser, l'évêque de Paris supprima les deux repas, dont ils avaient demandé à être déchargés. C'est ainsi que les chantres perdirent, par leur intempérance, deux festins qu'ils regrettèrent longtemps. C'est ainsi que les moines de Saint-Geneviève durent à des ivrognes ce que le pape n'avait pas voulu leur accorder.
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