PETRUS « une vie de chien ».
Installé derrière mon poste d’observation favori, je regarde le paysage. Le ciel est couvert et le vent souffle fort sur les arbres qui se dépouillent de leurs dernières feuilles. J’aime bien aller dans le jardin humer l’air et surtout courir après les oiseaux qui me narguent sur leur branche. Seulement mes maîtres ne veulent pas que je sorte sous prétexte que j’emmêle mes poils.
Je guette le moment où mon maitre ouvre la porte aux chiennes qui ont droit, elles, à sortir… pour me faufiler dans leurs pattes afin de me retrouver dehors. Quel bonheur ! un vent un peu froid souffle sur mon museau . Je fais le tour du jardin , inspecte les fleurs, les feuilles enfin tous les recoins connus. Pendant ce temps, je ne m’aperçois pas que de gros nuages noirs et menaçants ont pris possession du ciel. Je continue mon inspection, il y a si longtemps que je n’ai pas eu ce plaisir. Je décide de poursuivre mes investigations dans le pré qui longe la propriété. J’aime bien aller dans ce pré il y a des moutons et des chèvres qui broutent tranquillement.
Le grillage n’est pas facile à franchir mais souple comme je suis , je le franchis allégrement. Une goutte de pluie vient me frapper rudement l’oreille. Je n’aime pas la pluie, mais une goutte n’a jamais tuée personne aussi je continue mon avancée. Je suis au milieu du champ et je vois un énorme bélier qui me regarde d’une drôle de façon, tiens, je ne le connais pas celui-ci ! Je vais aller lui dire bonjour. A ce moment là un déluge de pluie s’abat sur mon dos, des gouttes grosses comme mes pattes en deux minutes je suis trempé jusqu’aux os. Je décide de rebrousser chemin et de rentrer vite dans ma maison. Mais le bélier me barre la route et fonce sur moi, il est fou, je ne lui ai rien fait !!! je cours le plus vite que je peux, mais juste en face de moi, un chien surgit un Patou, chien énorme qui garde les moutons et qui n’a pas l’air d’aimer lui non plus les chats. Je suis pris en sandwich, le bélier qui me poursuit et le chien qui arrive en face, un crochet à droite, un crochet à gauche, mais le chien a anticipé mes mouvements et il n’est plus qu’à quelques centimètres de ma queue. Jaldane au secours je vais finir en kebab , c’est une manie, mon maître veut me transformer en pâté Chinois et eux en brochettes et dire qu’on dit qu’on parle « d’une vie de Chien ! » ….
Je continue de courir et mes poils ruissellent d’eau, j’ai froid, je cherche affolé le grillage où je vais pouvoir me faufiler, mais le bélier à rameuter sa troupe et tout le monde me poursuit dans le pré, il n’y a que les chèvres qui regardent d’un œil amusé ce manège.
Je ne m’amuse plus du tout, j’ai très peur, le chien s’est mis à aboyer avec une voix énorme qui m’écorche les oreilles, le bélier bêle aussi très fort et les moutons font écho. La pluie ne cesse de grossir et je ne vois plus rien. Le chien Patou coure très vite, il n’y a pas un arbre à l’horizon, je sens ma dernière heure arrivée. Jaldane je te promets je ne sortirai plus…. Je me tapis, ferme les yeux et attends fataliste … et d’un seul coup je me retrouve pris par la peau du cou, soulevé en l’air. Eh bien le chat ce n’est pas un endroit pour faire la sieste me dit une voix inconnue. J’ose ouvrir un œil, et voit un homme muni d’un long bâton et d’un chapeau ridicule sur la tête. Le chien est couché à ses pieds sagement. Sauvé, je suis sauvé… le berger est arrivé in extrémis. Il sonne à la porte d’entrée, Jaldane ouvre la porte et me regarde affolée. Petrus ! D’où viens-tu encore ?! Tu es tout trempé et plein d’herbes. Tu es vraiment insupportable.
Le berger lui explique qu’il vient de me sauver la vie car son chien déteste les chats (ça j’avais compris…) et il dit à ma maîtresse qu’il vaudrait mieux me surveiller car il ne sera pas toujours là pour me sauver. Jaldane me prend tendrement dans les bras, elle m’enveloppe dans une serviette afin de me frictionner pour me réchauffer, mais alors ce que je n’ai pas compris, c’est qu’elle m’a mis sous la douche … quelle vie de chien !!! Heu de chat….
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