Je vous rappelle la situation dans laquelle vous nous aviez laissés : ma petite fée Cléia était prisonnière de Baba-Yaga et Baltyr, Boon et moi allions tenter de traverser le gué des dangereuses Lobastas. Armés d'objets en métal qui les rendait vulnérables (mais hélas, que nous redoutons aussi!), nous nous apprêtions à tenter notre chance...
- Boon, ne sois pas téméraire. Tu es le plus vulnérable de nous trois alors vole, vole le plus vite que tu le pourras de l’autre côté du gué, ne te préoccupe pas de nous et quoiqu’il arrive, ne bouge pas ! - Houp, se résigna Boon. - Sont-elles censées nous attaquer ? Quelles sont leurs armes ? demandai-je avec autorité. - Elles charment les téméraires et les inconscients en les entraînant dans une ronde. Quand le charme est rompu, il est trop tard, la noyade ne tarde pas. Il paraît que leur beauté est déconcertante, précisa Baltyr. Je haussai les épaules. Si c’était leur seule arme, tout cet attirail était bien inutile ! - A votre avis, à quoi va servir cet imposant bouclier ? questionnai-je encore. - Je n’en ai pas la moindre idée, avoua Baltyr. Nous nous trouvâmes enfin au gué. Boon était caché comme je le lui avais demandé. Il attendrait sagement le bon moment pour traverser. Baltyr et moi avançâmes dans l’eau. Les Lobastas ne tardèrent pas. Assises lascivement, elles s’adressèrent à nous dans notre langue, d’une voix profonde et envoûtante. Nous restâmes abasourdis. Oui, les Lobastas étaient vraiment de superbes créatures ! Aucun mot ne parviendrait à les décrire ! Elles possédaient un buste d’humaine, une queue d’écrevisse ; leur corps était orangé, tacheté de bleu roi. Mais leur visage était le plus étourdissant : aussi parfait que le visage des elfes, bleu pâle, il était d’une douceur extraordinaire. Leur tête altière était couronnée d’anémones dorées qui ondulaient gracieusement au gré de la brise. Elles étaient très nombreuses et j’aperçus quelques Lobastas nous escorter sans nous toucher. Comment croire que ces créatures avaient de mauvaises intentions à notre égard ? Leur langage était comme une mélopée, doucereuse, hypnotique et je me laissais envahir de ses accords voluptueux quand une voix désagréable, discordante, se fit entendre. - Ne te fais pas avoir, Lullaby ! Pense à Cléia qui t’attend ! Pense à la Dame des Bois ! Je tournai un regard courroucé vers la voix dissonante, prêt à invectiver le fauteur de troubles pour qu’il cesse et c’est Baltyr que je vis. Quelle audace avait-il de m’importuner dans un moment de pur bonheur ! Mais je n’eus pas le courage de lui faire part de ma désapprobation quand j’entendis les mots de mon ami s’engourdir et que je surpris son air ahuri ! Ah, il avait enfin compris ! D’ailleurs, de qui parlait Baltyr ? Cléia… La Dame des Bois… Une fée minuscule et une dame sans âge ? Mais qui étaient-elles de si prodigieux ? Ici, je me sentais bien, on s’occupait de moi alors que les deux autres m’avaient abandonné ! Les Lobastas étaient si belles… Elles nous cajolaient, nous gratifiaient de petites câlineries quand nous faisions un pas de plus dans l’eau glacée de cette fin février. Baltyr et moi avancions d’un pas maladroit et les Lobastas souriaient toujours, tournaient sur elles-mêmes en nous caressant le visage de leurs mains délicates. Une farandole s’organisait autour de nous et l’eau était à la hauteur de notre torse. Je ne pourrais pas vous dire la magnificence de leurs paroles mais je me souviens de quelques mots :
-Doux voyageurs, Venez vous reposer, Que passe l’heure, Vos joues à nos baisers… Beaux visiteurs, Laissez là votre armure, Mes gentes sœurs, Aimez ces âmes pures…
La suite très bientôt!! Ma maîtresse a promis d'être plus assidue dès que son concours (mardi et mercredi) sera passé... J'en suis ravi car j'ai de grandes révélations à vous faire! En attendant, je vous souhaite à tous une merveilleuse nouvelle année, remplie de magie!
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