L’os récalcitrant Belle avait bien intégré les règles : elle n’avait pas le droit de manger dans la salle de séjour, ni même de trop s’y attarder. Elle s’y trouvait avec un os énorme qu’elle voulait emporter ailleurs pour pouvoir le déguster. Elle se dirige vers la porte qui n’était pas complètement fermée. Elle essaye de la tirer du bout du museau comme à son habitude dans ce cas, mais l’os dépassait de son museau, et ne permettait pas cette manœuvre. Elle le pose donc sur sa gauche, et le museau ainsi libéré, elle réussit sans peine à tirer la porte. L’os est alors saisi entre ses crocs, la chienne, contente se redresse, mais constate alors que la porte est à nouveau fermée : D’habitude l’impulsion donnée par Belle suffit à lui laisser le temps de passer. Elle tente à nouveau de tirer la porte avec l’os, le repose donc au même endroit, donne son coup de museau, ramasse l’os, se redresse : Râté ! La porte est encore accolée à son bâti. La chienne entreprend donc encore une fois de poser l’os, toujours au même endroit, c'est-à-dire sur le carrelage balayé par l’ouverture de la porte. Elle reprend la même procédure, maintenant bien rôdée pour toujours le même effet. Là, on a éclaté de rire, et vexée, elle est allée se cacher sous la table. Il ne faut pas exagérer : un chien peut avoir beaucoup de patience, mais ne pas tolérer qu’on se moque ainsi d’elle.
Le canapé Belle connaissait bien les règles de la maison : Elle n’avait pas le droit d’être sur le canapé quand sa maîtresse était présente. Cependant, quand cette dernière s’absentait, s’il ne restait que moi, elle pouvait demander une autorisation exceptionnelle : elle me rejoignait alors dans le séjour, et postée devant le canapé, regardait le canapé, puis cherchait mon regard, quand elle le captait, regardait à nouveau le canapé… jusqu’à ce que je lui dise : « tu peux ». Elle cherchait alors la bonne posture, se lovant précautionneusement. Quand la voiture de sa maîtresse se faisait entendre au loin, elle descendait prestement. Une fois cependant, Belle dormait si bien, qu’elle n’avait pas entendu le retour de la voiture. Je la prévins donc, mais encore ensommeillée, elle mis davantage de temps à se dérouler de sa position, et à sauter à terre : sa maîtresse entrait dans la pièce à cet instant. La chienne bondissait alors sous la table, aussitôt elle en sortit très doucement en s’étirant, comme si elle avait dormi sous la table tout ce temps. Quel talent d’actrice !
Des pelures bien appétissantes Mon père entre dans la maison, et se dirige vers la salle de bain pour se laver les mains. Il doit pour cela traverser la cuisine. Il découvre à terre devant la porte de la salle de bain, dans le passage, des pelures d’oignons tapissant le sol. Il ronchonne, « Qu’est ce que c’est que ce chantier ? »… et remet les déchets dans le plat prévu à cet effet, posé à terre juste à côté. Il se lave ensuite les mains. Quand il ressort de la salle de bain quelques instants plus tard, les pelures tapissent à nouveau le sol, gênant son passage. Le visage de mon père se fige. Il me regarde interrogatif. J’éclate de rire, alors qu’il est prêt à ronchonner à nouveau. Belle avait fouillé le plat, enlevant les pelures les unes après les autres, car le plat avait contenu un peu plus tôt les déchets d’un festin à venir : un lapin sacrifié le matin même. Alléchée par l’odeur, elle cherchait dans le fond du plat, et après que mon père ait touché à ce plat, elle avait recommencé son inventaire.
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