Des siècles durant, nombre de grandes dames vinrent se retirer en ces lieux saints protégés par papes et rois. Leurs noms chantent : Lucrèce de Barras de la Roubine, Alasacie de Montpellier, Sancie de Signes, Cécile d'Evenos, Perpétue de Simiane, Béatrice de Villeneuve, Louise de Castellane, Etiennette d'Agoult de Sault etc., par douzaines. Au fils du temps on passa d'un haut-lieu de piété à la maison de retraite pour dames hautement privilégiées avant d'en arriver aux joyeuses folâtreries du XVIIe siècle. Au Grand Siècle, à La Celle, les nonnes batifolent (non sans excuses et raisons, ainsi qu'il sera noté plus loin). Les chroniques du temps racontent leurs exploits. "Elles sortent librement, elle se frisent, elles se fardent", dit l'un. "Elles reçoivent autant qu'elles sortent", dit l'autre. Et qui reçoivent-elles "fastueusement" ? Leurs amies "du monde" et leurs amis de même. Ou plus exactement, leurs amants... Scandale ! Elles disposent pour mener cette joyeuse vie d'une quinzaine de pavillons, dans l'abbaye même, plus proches de boudoirs que de cellules monacales. L'argent des riches familles pourvoit à ces fêtes plus qu'à des fastes religieux. Un autre chroniqueur lance cette formule qui traversera les siècles : "Elles ne se distinguent plus que par la couleur de leurs jupes et le nombre de leurs galants". On s'en tiendra là. Les reportages de l'époque ne nous fournissent pas d'autres détails, au demeurant faciles à imaginer. Ils ne comportent pas davantage d'enluminures qui auraient pu nous transmettre de bien gracieuses images.
A bientôt pour le dénouement,
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