LE CERCLE, LES CYCLES
Comme on l’a vu, le monde est clos, il est formé d’emboîtement dans le temps et l’espace. Tout est rond, cela tourne et recommence sans fin, c’est le crédo des Taoïstes, le début et la fin se rejoignent. Si les repères sont immuables, constants, les transformations sont incessantes, les possibilités de changements dans les répétitions, sont infinies. Il s’agit d’un processus circulaire actif : si la conception taoïste du monde, du temps est cyclique, une alternance du yin et du yang, la notion de progrès, d’étape, de déroulement est cependant présente, mais cela plus dans le destin des êtres, choses et événement, que dans celui du monde. Changement, métamorphose « purification » sont essentiels et la raison de sa discipline – un renouvellement perpétuel est en route, et exprimes les formes, les variétés diverses que prennent la vérité, les apparences sans cesse changeantes que sont les divinités, la formation progression de l’humain et de son temps de vie qui est un accomplissement celui «du Décret divin », de la mission donnée par le ciel de se parfaire. Toutefois cette progression est également un retour. Le temps et le monde des Taoïstes permettent un recommencement, une renaissance. « Le propre, hautement déclaré, de ce temps circulaire est d’être réversible, au contraire, disent les taoïstes, du temps ordinaire des hommes, qui est sans retour et s’achemine vectoriellement vers une fin, la mort ».
Ce n’est pas un cercle clos, mais des cercles multiples, des mondes multiples et là, le monde s’ouvre sur l’infini, dont l’enchevêtrement permet d’aller du plus grand au plus petit et vise versa, du centre à la périphérie et inversement. Le centre mobile n’est pas un fait unique et dont on s’éloigne ou se rapproche, qui ouvre sur l’infini non réparable mais est pourtant un repère fondamental. C’est d’ailleurs peut être une différence entre cette pensée et celle du Yin Yang et du Ji Jing à laquelle elle a pris tant de choses, que pose la notion de Centre qui est primordiale, alors que pour le Yi Jing est celle du point de départ qui prévaut, étant bien entendu que cette notion est à nuancer. Le Centre pour les Taoïstes est Origine, le Sage du Yi jing est celui qui connaît le premier mouvement des choses, est située au Centre : la différence n’est que tendance.
Le monde ordonné par centrage et rayonnement est différent du monde confucianisme qui ordonne par distribution sur un mode plus pyramidal que circulaire. Cette différence est illustrée par deux façons distinctes de figurer le rapport de l'un à la multiplicité : pour le taoïsme, des cercles concentriques et une Unité primordiale qui engendre le Deux, puis le trois, et alors seulement la multitude articulée qui se déploie en fonction de nombres symboliques : pour les néoconfuciéens à la suite de Sho Yong approuvé par Zhu Xi , des carrés disposés en ouches linéaires superposées de façon à former une pyramide, et une unité primordiale qui se multiplie par divisions répétées, allant d’un à deux, puis à quatre, huit etc. selon une progression géométrique. Cette différence se reflète aussi dans la conception de la société, plus hiérarchique chez les confucéens, et plus égalitaire chez les taoïstes.
Prochaine étude : Position du taoïste dans le cosmos.
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