Le taoïsme est surtout une pratique, même si elle peut relever d’une doctrine ou d’une croyance. Le taoïsme est surtout l’affaire d’initiés respectueux de l’enseignement qui en général ne les diffusent pas à la masse. Il est issu de lignées de prêtes, de transmission de maître à disciple, et de ce fait reste élitiste et marginale, même au sein du peuple. Le taoïsme est un monde à part, comme ceux qu’il construit dans ses méditations et son rituel., un monde marginal, élitiste dans la société, intégré toutefois mais qui est le témoin d’un autre monde qui le dépasse.
Le taoïsme est surtout relié avec la nature, c’est un monde naturel, plus qu’un monde se référant à la société. Les taoïstes sont surtout connus pour cela, ce sont les ermites enfermés dans les montagnes qui ont initiés les Chinois à la beauté des paysages et de la poésie.
Toutefois par rapport à la société des hommes, ils demeurent persuadés (surtout pendant les périodes politiques troubles) que l’on ne peut être à la recherche de l’immortalité que l’on de la cour. Il y a eu comme on le verra plus tard des maîtres Taoïstes qui ont tenu un rôle très important auprès des empereurs tandis que d’autres ne voulurent pas aller à la cour, prétextant d’être malades lorsqu’on leur demandait d’aller à la cour. D’autre taoïste s’estimaient au-dessus de la société et de l’Empereur « comme le Vieillard du Bord du fleuve » Teshang qui donna la preuve à l’empereur lorsque celui ci s’étonnait et lui reprochait de ne pas avoir obéi à son ordre de venir à la cour. Il s’éleva au-dessus de la terre pour lui donner son enseignement, et de lui démontrer ainsi qu’il était au-dessus de l’autorité impériale. Certains Taoïstes donnèrent les clés du Taoïsme, d’autre refusèrent comme Ye Fashang ou Chen Tuan qui déclinèrent, refusèrent d’accéder à l’ordre de l’empereur qui voulait connaître l’alchimie en lui rétorquant que la recherche de la Pierre philosophale était vaine et dangereuse ou bien qu’elle n’était pas pour l’Empereur.
En fait le lien était assuré entre les exercices de perfectionnement spirituel intérieur et le rituel accompli publiquement pour la pacification des esprits, ceux du peuple comme ceux des souverains, ainsi qu’émane de l’œuvre d’un Bo Yuchan, grand maître alchimiste intérieure et grand ritualiste à la fois. L’ordre universel passe avant celui de l’Empire et de l’ensemble des hommes, conseiller l’empereur, ou laisser-faire s’autorisant du fait que l’ordre s’instaure naturellement si les hommes n’interviennent pas, ou encore grandes cérémonies rituelliques propriatoires. Shishen Shiguo disait « ordonner sa personne et gouverner l’empire ». Il existe une affinité étroite entre l’empereur et le maître taoïste qui s’est manifestée dans l’histoire de la Chine. Nous verrons, les taoïstes ont des objets sacrés et des talismans censés leur avoir été conférés par des souverains mythiques, faisant d’eux, en quelque sorte, leurs successeurs spirituels. L’investiture d’un maître taoïste est comparable à celle de l’Empereur, car elle le place au centre du monde, comme le maître des hommes, il est en étroite relation avec les puissances du ciel et s’effectue suivant un rite qui remonte à la dynastie des Zhou et prend ses racines des la féodalité d’alliance jurée avec délégation de pouvoir. La vocation populaire d’une certaine couche du taoïsme le situe entre le souverain et le peuple qui est censé, selon la doctrine chinoise, à être le porte-parole de la volonté céleste légitimant le pouvoir suprême.
Dans l’histoire de la Chine plusieurs fois, des maîtres taoïstes ont été appelés à confirmer la légitimité de l’Empereur ou d’une nouvelle dynastie, en lui apportant un soutien officiel, moral et religieux par une intronisation solennelle. Le taoïste en tant qu’officiant dans le rituel est pratiquement identique à celui de l’empereur qui est en charge du bon ordre aussi bien chez les humains que dans la nature, en écartant les fléaux naturels, inondations, révolte ou génies malfaisants. Ils doivent protéger l’un comme l’autre le peuple contre les attaques qu’ils subissent des esprits lorsque ceux-ci leur envoient des maladies ou des catastrophes naturelles.
Les prêtres taoïstes sont et ont toujours été un élément important du la vie du peuple, qui par leur pratique (rituels et thérapeutiques) donnent un élément de sécurité dans cette lutte contre les démons et les maladies. De nombreux exemples de prêtres taoïstes sont relatées dans des recueils, romans, faisant état de leurs interventions fréquentes dans la vie populaire, même si parfois ils sont décrits comme des débauchés corrompus.
Deuxième partie : suite et fin du taoïsme dans la société.
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