Je suis rentré de la mer et j’espère ne plus y retourner, le sable, la mer, les bateaux, c’est bien pour les hommes, mais pas pour les chats.
J’ai retrouvé avec plaisir le coin favori de mes méditations, mon tabouret près de la cheminée ou bien sur le rebord de la fenêtre qui donne sur le jardin plein d’oiseaux. Je suis heureux. Les chiennes sont venues me souhaiter la bienvenue, Tzarine veut absolument que je lui parle du bateau de pêche où il y a plein de poissons et elle est très déçue de ma description.
Enfin, je jouis de mon petit monde. Jaldane et le maître sont partis au marché et reviennent avec plein de victuailles dans leurs sacs dont un superbe jambon. J’adore, le jambon, seulement mes maîtres – même si ils m’en donnent parfois – c’est toujours avec parcimonie. Je vois disparaître le jambon dans le hangar où mon maître l’accroche très haut avec une ENORME ficelle en me disant « ne rêve pas Petrus, cette fois-ci, tu ne l’auras pas ».
Je pars dépité, mais ne m’avoue pas battu pour autant, certes le jambon est accroché très haut et semble bien attaché avec cette ficelle à un clou. Je tourne longtemps au-dessous, en me pourléchant d’avance les babines et les moustaches.
Ce hangar est fait de poutres en bois et je me souviens que je suis un chat muni de griffes (ma maîtresse crie assez après moi lorsque j’essaie d’affûter celles-ci sur son canapé). Je m’approche du pilier de bois et enfoncent dans celui-ci mes griffes qui s’accrochent avec fermeté et en me voici en équilibre sur la poutre du haut, il me suffit de longer celle-ci et d’arriver au jambon convoité. Premier obstacle, le jambon est suspendu par la ficelle à un gros clou et même en me penchant, je m’arrive pas à attraper le jambon. Seulement, je m’aperçois qu’à force d’essayer de l’attraper, le jambon se balance avec force et ce mouvement de balancier contribue à desceller le clou (pas très bien enfoncé) au bout du quart d’heure, Victoire le jambon est tombé au sol dans un bruit mat.
Vite, je redescends à toute allure, mais à ce moment là, Volga arrive dans le hangar et s’empare du jambon tombé du ciel, furieux je me lance à sa poursuite. Volga n’est pas très agile,encombrée elle ne peut pas courir vite. Je me mets devant elle, et crache de colère, c’est MON JAMBON, et hop un petit coup de patte sur la truffe, elle hurle de couleur et lâche sa proie, j’en profite pour mordre dedans. Je n’ai pas le temps de l’entamer vraiment car mon maître est arrivé à grandes enjambés très en colère avec un seau d’eau et m’asperge de celui-ci pour me faire lâcher le jambon. Pétrifié de stupeur, je lâche ma proie. Le maître prestement à récupérer son bien, mais n’en a pas fini avec sa colère, il m’attrape par la queue (c’est un de ses sports préférés) et m’emmène près de Jaldane en lui disant ‘ »enferme ce Chat avant que je ne le transforme en jambon lui aussi – tiens il ne veut plus me vendre aux Chinois ! – Jaldane proteste à juste titre de la façon dont mon maître me transporte « mais lâche lui la queue, enfin, tu lui fais mal ! – mon pauvre minou - Ah au moins, là, je suis mieux traité. Oui dit le maître, mais tu as vu, il est incorrigible ce chat, je ne sais plus où le mettre moi ce jambon.
« Je sais, moi, mon maître, tu me le donnes à manger, il sera bien là ».
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