Si les fleurs ont leur histoire, elles ont aussi leurs légendes, colorées bien sûr, et leur esprit, que nous avons recueillis pour vous.
Un peu partout dans le monde, des comtes et des légendes courent toujours, depuis la nuit des temps, de bouche à oreille, à propos des fleurs. Car la fleur, à l'instar de l'être humain, est née de la terre, de l'humus, de l'argile, de l'eau et du soleil mélangés ; à moins que cela soit l'inverse, et que l'être humain ait été façonné dans la même terre, sous les mêmes feux et les mêmes eaux que la fleur. Car la fleur annonce un fruit, et l'homme est peut-être lui aussi une fleur qui porte un fruit à venir : son âme délivrée, son esprit accompli, sa conscience éveillée, la pure lumière blanche du dhamakaya (ainsi nommée dans le Bardo Tôdol, ou Livre des morts thibétains, ce qui signifie "corps divin de la vérité"), qui grandit en lui et à laquelle font allusion les croyances, religions, mystiques du monde entier, quelque soit le nom qu'elles lui donnent.
Qu'il s'agisse du "Lotus aux mille pétales", de la "Fleur D'or" dont le "Mystère" est tout entier contenu dans un texte alchimique chinois d'origine fort ancienne, mais obscure (sans doute antérieure au texte du Yi-king, et peut-être même le texte dont se sont inspirés les auteurs anonymes du Livre des Transformations), du lotus bleu d'Egypte, dont la légende mythique conte comment, de ses pétales épanouis, a surgi le soleil (qui est aussi le nénuphar, attribut de Nefertoum, le dieu de la perpétuelle renaissance de Rê, représenté sous l'aspect d'un homme dont la tête est coiffée d'un superbe nénuphar, et que les Egyptiens surnommaient le "Lotus à la narine de Rê"), toutes ces fleurs, et bien d'autres, sont associées à une naissance divine ou à un accomplissement.
LA FLEUR, RECEPTACLE DES NAISSANCES DES DIEUX ET DES DEESSES
Puisque nous sommes en Egypte, restons-y et découvrons comment sont nés, d'une fleur, et plus spécifiquement d'un lotus bien sûr, Heryshef d'abord, le dieu bélier, dont les yeux sont le soleil et la lune et dont le nom siginfie "Celui qui est sur son lac", qui était une divinité de la fertilité.
Somtous ensuite, ou Sema-Taouy, dont le nom signfie "Celui qui réunit les Deux Terres", qui est à la fois astre, dieu et enfant, représenté plutôt comme un enfant assis sur un nénuphar bleu aux pétales entrouverts, rappelant la naissance du soleil.
Harsomotous enfin, c'est à dir "Horus qui réunit les Deux Terre", réplique du second et figure de l'Horus Enfant dit Harpocrate.
Sous d'autres cieux, en d'autres temps, voici Gwydion, divinité celtique qui fut assimilée au Wotcan des Saxons et des Anglo-Saxons, c'est à dire Odin ou Odinn, le principal dieu de la mythologie germano-scandinave.
Or, une légende de ctte mythologie raconte comment Odinn, Wotan ou Gwydon, après avoir recueilli un enfant du nom de Llew dont il fit son fils, alla trouver le roi et magicien Math pour créer avec lui, à l'unisson de leurs pouvoirs et de leurs charmes, une femme extraordinaire, n'ayant pas son égale parmi toutes les femmes qui peuplent la Terre. Pour ce faire, ils utillisèrent des fleurs de chêne, du genêt, de la reine des prés, de l'aubépine, de la primevère et d'autres encore, 9 fleurs en tout dit la légende, qu'ils combinèrent pour confectionner une "femme-fleur", la plus belle, la plus parfaite, la plus merveilleuse qu'on ait jamais vue.
C'est ainsi que selon cette légende, est née Blodeuwedd, la "femme-fleur" donc, ou "la femme dont l'aspect et le visage sont ceux des fleurs".
"Ni de père ni de mère Fut mon sang, fut mon corps, Je fus enfantée par Gwydion, Premier enchanteur des Bretons, Lorsqu'il me forma de neuf fleurs, Neuf bourgeons d'espèces différentes De la primevère des monts, Genêt, reine des prés, nigelles, Tous ensemble entrelacés.
Ce petit texte est tiré de "Robert Graves, Les Mythes celtes, La Déesse Blanche, traduit de l'anglais par Guy Travoux, éditions du Rocher, 1979).
Avant que ne fleurissent le "Lotus aux mille pétales", la bible des bouddhistes, si l'on ose dire, en Chine et en Inde, on croyait au paradis des fleurs ou, plus exactement, les anciens peuples d'Asie étaient enclins à croire que les âmes des défunts reposaient dans les pistils des fleurs.
Le paradis, selon eux, l'équivalent de l'Eden de la Bible, se nommait "La Terre d'Extrême Félicité". On imagine donc sans difficulté les précautions rituelles qui pouvaient accompagner la cueillette des fleurs chez ces lointains ancêtres des Chinois actuels, même si, de nos jours, cueillir une fleur nous semble une chose bien innocente et naturelle.
L'ESPRIT DES FLEURS
Ainsi, la fleur-foetus a longtemps côtoyé la fleur-tombeau, mais dans tous les cas l'âme naissait d'une fleur et retournait à la fleur.
Ces formules poétiques nous font rêver. Mais rêver était une nécessité pour nos ancêtres et, à bien y regarder, cela en est toujours une pour nous aujourd'hui.
Sans parler de la nécessité vitale qu'est la fonction du rêve. Si nous étions privés de cette capacité que nous avons tous de nous évader, de voir autre chose que ce que nous voyons, de plonger dans un univers dont nous savons qu'il est en tous points imaginaire, mais auquel, pour quelques instants, nous croyons dur comme fer, nous serions bien malheureux.
Or il est un fait certain que, de tout temps, les fleurs, leurs couleurs, leurs variétés multiples, leurs parfums surprenants, toujours différents, ont fait rêver les hommes et les femmes. Et quand bien même aujourd'hui nous savons comment les fleurs sont faites, et comment elles produisent leurs parfums, comment les apprivoiser en les cultivant selon notre bon plaisir, elles n'en recèlent pas moins un mystère.
Car elles sont vivantes, uniques en leur genre, très différentes les unes des autres pourtant et, au fond, nous ne savons toujours pas qui elles sont.
Durant presque 2 millénaires, en Europe surtout, on a voulu nous faire accroire que seul l'homme avait une âme ; la femme en a hérité d'une il y a peu de temps, le saviez-vous ? !
Mais durant des millénaires, bien avant que sévisse cet impérialisme d'une pensée qui était déjà unique (nous n'avons rien inventé), les hommes et les femmes étaient enclins à croire que les espèces d'animaux, d'arbres, d'herbes, de plantes et, bien sûr, d'oiseaux, avaient sinon une âme, du moins un esprit en commun.
C'est cet esprit des fleurs qui nous parle du nôtre, que j'essaye de vous faire partager depuis plusieurs mois maintenant.
Voici une fleur de lotus bleu :
J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé avec ce texte un peu long mais que je tenais à vous faire partager.
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