DEUXIEME PARTIE : LES QUATRE BINOMES
Le temps considéré à l’échelle de l’Homme est désigné par un quadruple système de référence : l’année, le mois, le jour et l’heure représentés chacun par deux signes constituant en fait un binôme que les Chinois appellent « Pilier ».
Il est facile de comprendre il s’agit qu’en fait bien plus qu’un simple système de calcul. C’est l’étude de ces « quatre piliers du destin » qui est la clef depuis plus de quatre mille ans de toute l’astrologie Chinoise.
En fait, le temps ne doit pas être représenté par un schéma trop simple, celui du serpent qui se mord la queue, mais plutôt comme un faisceau d’énergie projeté dans l’espace, celle des siècles dans laquelle s’inscrit la spirale des année et des jours, des heures, des minutes…. De ce fait, les quatre piliers du destin sont pour chacun de nous la clef de notre identité, un véritable nom secret.
Les chinois ne le révèlent pas, c’est secret, et ne doit être donné qu’à bon escient.
On raconte qu’une lutte féroce opposait quatorze frères pour obtenir le titre d’héritier légitime. Un des frères fut condamné à se suicider par le poison pour avoir révélé à un jeteur de sorts, la date de naissance de celui que son père voulait désigner comme héritier. Pour se marier, des horoscopes étaient établis afin de déterminer aussi la date du mariage, cette opération se faisait secrètement afin que si les tractations n’arrivaient pas au bout, les dates de naissance restent secrètes.
Donc les quatre binômes sont la clef de notre destin. Il est important de les définir afin d’harmoniser notre moi avec notre milieu et les lois de la nature, notre microcosme avec le macrocosme. Le fait de se connaître ne signifie pas seulement de prendre conscience de nos défauts et de nos qualités corporels mais aussi de comprendre notre psychologie et nos possibilités intellectuelles et morales, bref notre personnalité, les Chinois -et cela est très important- ignorent la séparation du corps et de l’esprit, c’est indissociable.
LE YIN ET LE YANG DANS LES PILIERS DU DESTIN
Afin de saisir la portée des quatre piliers, il faut savoir comment on construit une maison chinoise traditionnelle : elle se compose pour l’essentiel de quatre colonnes sur lesquelles est posée la charpente du toit. Ces piliers constituent la structure essentielle de toute construction et la portée de l’image utilisée. En fait ces piliers sont des éléments primordiaux pour construire notre destin, les atouts que nous recevons en main à la naissance. Aucun n’a de valeur employée isolément, en fait, il ne faut pas s’attarder à considérer si les piliers sont fastes ou néfastes mais plutôt de trouver ce que leur relation permet d’établir.
Les quatre binômes sont de valeurs paires ou impaires. C’est un point très important , car il permet de savoir quelle est la valeur du yin ou du yang dans nos binômes. On a tendance à considérer que le yin est bénéfique à la femme, et le yang à l’homme, mais en fait et surtout dans la pensée chinoise, l’excès est un défaut.
En fait, le yin - qu’il est excessif de dire qu’il est purement féminin- serait en fait l’aspect premier de l’énergie. Dans le souffle, c’est l’inspiration, il marque le secret, l’intime, la phase de formation créative.
Le Yang accolé au masculin, est plutôt la phase d’expansion, dans le souffle, il est l’expiration, il marque l’activité extérieure et l’extraversion, c’est la phase de réalisation.
De ce fait ils ne peuvent exister l’un sans l’autre, ils sont de la même énergie, antagonistes et complémentaires. En fait, si dans votre thème vous êtes en manque de l’un ou en excès de l’autre, vous pourrez choisir un compagnon, des amis qui apporteront un correctif.
Les piliers sont l’ossature de votre caractère. En occident, ce sont les douze animaux qui sont le plus connu, et peu tiennent compte de ces quatre piliers (ou huit caractères).
Le pilier de l’année exprime votre moi apparent, celui qui « transpire », les relations sociales en fait, les rapports professionnels, comment les autres vous perçoivent.
L’année de naissance est la seule partie de son horoscope que l’on fasse apparaître, c’est celle qui indique vos compatibilités et incompatibilités. On indique juste à ce moment là le nom de l’animal de votre année de naissance, ce qui indique votre âge à douze ans près, approximation suffisante.
Le pilier du mois indique la manière dont vous percevez, et contrôlez votre activité, et le pilier du jour, le plus marqué par le facteur de la chance, indique la prise de conscience de vous-même. Le pilier de l’heure indique le moi profond (on peut presque parler de subconscient).
En fait ces piliers se combinent en un jeu subtil d’antagonismes et de sympathies. Le facteur chance est considéré comme important au niveau du binôme journalier.
Les binômes d’ordre impair sont yang soit extravertis, tournés vers l’action, faits pour la réalisation. Les binômes d’ordre pair sont tournés vers la réflexion et l’intériorisation.
Il est important de dire qu’il ne faut pas attribuer un aspect bon ou mauvais, pas plus qu’à l’aspect yin ou yang de l’énergie qui le caractérise. C’est l’excès, la disproportion qui peuvent devenir dangereux, ou au contraire un trop parfait équilibre est trop statique et tout ce qui ne bouge pas se destine à la « mort ».
A ces binômes bien sur on ajoutera l’emblème de l’animal qui domine les relations sociales. C’est pourquoi, en Chine, on s’inquiètera de votre signe….
Le plus important en fait est l’animal horaire qui joue le rôle, on peut dire comme cela de l’ascendant occidental car il est lié à la personnalité profonde. Traditionnellement les binômes sont associés par couple ; un yang (impair) et un yin (pair).
En relation avec les « cinq agents » bois, feu, eau, métal, terre, il y a cinq planètes, il ne s’agit pas ici d’une influence rappelons le qui émane du ciel, mais d’une association constante entre un agent une planète donnée.
LES CINQ PLANETES
JUPITER Planète liée au bois, planète importante pour la définition du calendrier chinois. Planète qui est le symbole de la force de création, exubérance, expansion de la nature, mais elle est souvent considérée comme néfaste car en excès elle introduit tous les désordres.
MARS Planète associée au feu, symbole de la passion, de l’amour (moins fort que dans notre tradition), c’est l’exubérance de la végétation luxuriante et le succès, en excès elle devient destructrice, Mars est aussi une planète qui détruit.
MERCURE Planète associée à l’eau, l’eau en Chine est liée à l’hiver, elle est moins le symbole de la vie que du froid (la glace), la clairvoyance, la lucidité. En excès ce peut être l’arrêt et de la mort.
VENUS Planète associée au métal, une planète qui n’est pas ici propice aux amoureux comme en occident, mais plutôt la force et la rigueur. En excès, sévérité, cruauté froide, dureté.
SATURNE Planète associée à la terre, elle représente le centre, point de référence constant, nécessaire : c’est le réalisme, l’équilibre, la logique, et c’est la source de tous les autres agents. En excès, elle est trop réaliste et prudente, un élément rendant toute action impossible.
Petit exemple d’un pilier
Premier et deuxième pilier
Planète : Venus Symbole l’Or du fond de la mer L’or est brillant et somptueux mais au fond de la mer difficile à atteindre. Ces piliers porteur de chance demandent toutefois pour se réaliser beaucoup de ténacité voire, d’entêtement.
Premier binôme (Rat/bois) Pilier marqué par un équilibre statique mais toutefois brillant, il y a une volonté et un jugement qui seconde la lucidité un peu froide, mais qui risquent de bloquer un peu la création et l’action. Il y a une mise en garde contre le côté velléitaire. En pilier du jour, le facteur chance joue pleinement son rôle, le succès qui demande de l’effort être pratiquement assuré.
Une fois que les piliers ont été trouvés, il reste à trouver l’axe vertical du tempérament. Si tous les piliers sont parfaits entre eux, on se trouve devant une personnalité entier et cohérent, mais évidemment il y a souvent des oppositions entre certains binômes, voire des contradictions entre le moi apparent et le moi profond. Souvent mal dans sa peau, la personne a des difficultés pour s’assumer. Pour les astrologues, ce sont les équilibres entre le yin et le yang qui sont révélateurs, et il est important de situer à quel niveau le problème se pose. Exemple : bien que le binôme annuel soit exubérant surtout dans l’illustration par l’animal annuel, les autres binômes peuvent être le reflet d’un repli sur soi, et l’image d’une personnalité insatisfaite de son sort.
LES DOUZE ANIMAUX
Les douze animaux sont le plus connus en Occident car ils font référence à une certaine imagination. On pense souvent que ces symboles remontent à plusieurs siècles avant notre ère, alors qu’en fait, ils seraient apparus vraisemblablement au début de la dynastie Tang au moment de l’influence « occidental » introduisit le bouddhisme en Chine. Il semblerait que tout comme dans la Perse, ils aient d’abord été utilisés pour marquer les heures et ensuite les années. Evidemment c’est au travers de la fonction des légendes et du bestiaire traditionnel chinois qu’il faut les interpréter, et non au point du naturalisme. Par exemple, le tigre qui est pour nous le symbole de la cruauté, est pour les Chinois, protecteur contre les mauvais génies car il est la terreur des démons . On voit sur des bronzes anciens, un homme embrassé et presque entré dans la gueule du tigre, non pour y être dévoré, mais pour être protégé. De la même façon que les binômes sont yin ou yang, les animaux n’échappent pas à la règle. Les animaux sont devenus le symbole des années, les piliers étant plus l’affaire des spécialistes. Si les binômes ou piliers forment l’ossature de l’horoscope, c’est l’aspect sur lequel insistent les astrologues, les animaux donnent une image claire, ils parlent à leur imagination, ce qui fausse souvent l’interprêtation. L’animal de l’année complète l’aspect extérieur de notre personnalité ; joint au binôme, il domine nos relations extérieures et notre comportement vis-à-vis des tiers. L’animal de l’heure joue un rôle analogue à notre ascendant, et concerne notre moi profond. Il y a bien sûr une différence entre l’animal femelle et l’animal mâle. Enfin chaque animal prend une « couleur » spéciale suivant l’agent auquel il est associé.
LA LEGENDE DES ANIMAUX La légende popularisée par le bouddhisme veut que le bouddha désirant douze animaux comme symbole des heures, vit arriver en premier le rat et le buffle. Le rat malin qui voulait être le premier de la liste se promena dans les rues du village à côté du buffle. Les villageois étonnés de cet étrange spectacle disaient « mais quel gros rat » le buffle placide céda volontiers sa première place au rat malin. C’est donc par son intelligence que le rat entame la marche des douze animaux. Le rat associé à minuit et au solstice d’hiver est par nature yin. Il est le symbole de la richesse et le chasser ait mal vu, cela peut porter malheur, aussi, toujours pragmatique le chinois introduit un chat, car il n’est pas responsable des actions du chat !!!
LE BUFFLE « tenace, constant, solide »
Le printemps est symbolisé par le buffle, il est l’emblème de l’agriculture. On attribue au buffle calme puissant, le pouvoir de mater les mauvais génies des eaux (lacs, étangs et rivières) On voit d’ailleurs au Palais d’Eté aux environs de Beijing (Pékin) un magnifique buffle en bronze.
LE TIGRE « courageux et indépendant »
C’est le roi des animaux sauvages comme le soule le caractère wang « roi » souvent gravé sur le front de son effigie tutélaire. C’est le protecteur des petits garçons contre la jalousie des mauvais génies, les petits garçons portaient des chapeaux rouges à deux oreilles ou des pantoufles bordées à l’effigie du tigre. Le caractère est courageux, indépendant ayant le goût du risque.
LE LIEVRE « vertueux et prudent »
La tradition vietnamienne l’a transformé en chat mais c’est un lièvre en chine. Par temps clair on le voit accompagné sous la lune d’un crapaud à trois pattes en train de fabriquer dans un pilon des philtres magiques. Le lièvre est prudent, il apprécie le calme, le confort, il est intelligent et une apparence débonnaire qui cache parfois un peu d’égoïsme. Indécis il peut rater des occasions.
LE DRAGON « né sous le signe de la chance »
Le dragon est le symbole de l’empereur faste par excellente, tout peut lui réussir, n’oubliez pas les Chinois se méfient toujours des extrêmes, et de ce fait il peut se transformer en son contraire et devenir extrêmement dangereux. Il est associé à la terre et à la couleur jaune, image du changement et du jeu des énergies cosmiques. Il est aussi le régulateur des eaux et de la pluie fertilisante, des montagnes, du ciel et de la terre. Il peut se rendre à volonté visible et invisible. Certains pensent que l’origine du symbole du dragon est l’alligator du Yangtse, aujourd’hui disparu. Le dragon est un lutteur par excellence, la chance lui sourit, il ne suit toutefois que son propre jugement. Il a un grand besoin de connaissances intellectuel et/ou physique lié à la foi qu’il a en lui-même qui lui donne de l’audace.
LE SERPENT « lucide et sage »
Le serpent est une forme inférieure du dragon, c’est même le compère du dragon et il en tire sa vertu. Il peut faire venir également la pluie et vivre parmi les nuages. Le serpent se rapproche assez du rat comme lui il est clairvoyant , dieu de la richesse, mais il est plus sage, plus réaliste et moins imbu de lui-même que le dragon. Il faut savoir le séduire. Le serpent chez les chinois est bénéfique n’ayant pas dans leur tradition le jardin d’Eden. Caractère stable, intelligent, réfléchi, de haute moralité. Il peut être toutefois intolérant. Perfectionniste il supporte mal l’échec qui atteint son orgueil.
CHEVAL « ardeur et fascination »
Les huit chevaux est l’image du bonheur et de richesse. Le cheval est associé au feu à la lumière au midi, à l’été. Le cheval est le dieu du foyer qui à la fin de chaque année va faire son rapport au ciel sur chaque famille et il est très honoré. Le cheval a le goût de l’action, élégant, personnalité brillante mais parfois superficielle.
LE BELIER « artiste et fantasque »
Dans l’astrologie vietnamienne, elle est devenue une chèvre mais cela vient du fait que le caractère chinois du bélier peut s’interpréter mouton ou chèvre.
Le bélier est attiré par les arts, il est en général doux et facile. Il aime tout ce qui est beau, il est rêveur et d’une humeur fantasque. Il peut s’éloigner des réalités de la vie. Il peut cependant faire preuve d’une grande volonté.
LE SINGE « débrouillard et malicieux »
Le singe est doué pour la vie, il a besoin de se sentir bien partout et il fait tout dans la fièvre du changement dès qu’il est parvenu à séduire les êtres ou conquérir les objets de son désir. Cela risque de lui causer quelques conflits. Il se trouve dans une vie agitée, toutefois grâce à son intelligence et à sa mobilité il s’en sort toujours. Une certaine superficialité peut le rendre insatisfait.
LE COQ « franc et loyal »
Le coq annonce le jour, symbole de la disparition des ténèbres et des terreurs nocturnes. Il est la protection contre le mal et sa crête rouge met en fuite les mauvais esprits. Le coq aime le faste, le brillant et le sens de la victoire ce qui peut le rendre orgueilleux. Intelligence vive, il est franc et honnête ce qui lui attire des amis. Il n’a aucune difficulté à s’imposer et on attend en général avec bienveillance sa venue. Fidèle, affectueux et d’une grande générosité, toutefois sa brutale franchise peut irriter certains.
LE CHIEN « fidèle et loyal »
Le chien en Chine n’est pas considéré, car c’est une bouche inutile à nourrir. Le chien n’a pas confiance en lui, ce qui lui crée des anxiétés. Le chien est fidèle et loyal et a beaucoup de mal à supporter l’injustice. Il sait écouter, toutefois on ne peut pas l’obliger à aimer quelqu’un si celui-ci lui déplait. Ses amis peuvent toujours compter sur lui, les mensonges le blessent et l’absence prolongée l’inquiète.
LE COCHON « honnête et faste »
La Chine différente de l’Occident adore le Cochon, car il est le symbole de la richesse et du bonheur familial. Le cochon est très honnête et incapable de dissimulation, il va droit au but. Désintéressé, ces qualités lui donne une grande force et une appréciable indépendance de jugement. Il n’aime pas les relations mondaines, leurs conventions et leurs hypocrisies le heurte Bien que soupçonneux, il peut se laisser berner très facilement, car trop naïf. Il est au-delà parfois du dévouement, il se montre capable de grands sacrifices. Attention toutefois le cochon est très obstiné et volontaire, et ne veut pas qu’on s’interpose dans ses choix. Il est dit qu’un cochon en colère peut dévorer « un tigre ».
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