Boon me réveilla quelques heures plus tard. Ce somme m’avait reposé et je sautai bien vite sur mes pieds en me frottant vigoureusement les bras. Boon, toujours aussi méfiant à l’égard du feu l’avait laissé mourir. Le lutin bleu me dit que les diablotins de l’eau s’appelaient les koulechata et vivaient près de la rivière des Lobasta mais que nous les trouverions que s’ils nous le permettaient. C’était un peuple espiègle et joyeux. De là où nous avions installé notre campement, nous voyions l’eau de la rivière large et profonde ondoyer. En m’approchant, je pus constater que contrairement à la précédente rivière que j’avais longée, celle-ci avait une eau limpide qui roulait à petits flots. Je m’arrêtai, guettant les bruits et observant attentivement les buissons dans lesquels les diablotins auraient pu se cacher. Mais comme l’avait prévu Boon, les diablotins ne semblaient pas pressés de nous rencontrer. Je fis un geste d’impuissance à l’intention de Boon. Je sentis alors comme un courant d’air frôler ma joue et, quand je voulus me retourner, je fus poussé en avant et tombai les deux mains en avant. J’essayai de me relever mais c’était comme si quelque chose dansait la gigue sur mon dos. J’entendais des gloussements, des rires, des chuchotis. Je levai la tête pour demander de l’aide à mon ami mais ce pauvre Boon était aux prises avec des ennemis invisibles lui aussi. On aurait dit qu’il chassait de grosses mouches en agitant frénétiquement les bras. Nous avions trouvé les koulechata ! A vrai dire, la situation, vue de l’extérieur, devait être assez cocasse. A présent, je voyais Boon, suspendu dans les airs, se tordre comme un pantin désarticulé. Furieux il lançait ses fameux « houp » comme s’il eut s’agit de redoutables jurons. Je n’étais pas en reste, croyez-moi ! Ma main avait arraché, bien malgré moi, une touffe d’herbe et s’appliquait à l’enfourner dans ma bouche ! Puis Boon se mit à tourner comme un soleil pendant qu’un main invisible barbouillait son visage de boue. Pendant ce temps, mon bonnet fut enfoncé jusqu’au menton et quelle honte ! je fus déculotté ! Tout autour de nous, ce n’était plus que moqueries et éclats de rire. Boon retomba lourdement sur le sol dans un bruit sourd. Il profita de la liesse générale pour attraper quelque chose à l’aveuglette par ce qui semblait être un pied. Son bras s’agitait comme ce qu’il tenait se tortillait. Peu à peu, une brume se forma tout autour de la chose qui était maintenue et un tout petit diablotin rouge apparut. Je fus alors sidéré de voir qu’au lieu de se débattre, le lutin hurlait de rire, la tête en bas ! J’avais profité de la diversion pour remonter mes pantalons et rajuster mon bonnet. Outre le diablotin suspendu à la main de Boon, je ne voyais plus et n’entendais plus rien. Je finis par me demander si les autres ne l’avaient pas abandonné ! Mais lorsque je tombai la tête la première dans un buisson d’orties, que je me relevai, rageur, pris d’atroces démangeaisons, et quand je vis le diablotin rouge me désigner d’un doigt et se tortiller de plus belle, je sus que je me trompais.
Mais c'est encore une longue histoire et j'ai bien du travail à la grange... Repassez me voir...
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