Vous allez me dire qu’être une fée, cela n’a rien d’extraordinaire si l’on n’est pas capable de se sortir des situations les plus précaires. Et bien oui, une fée des bois n’a pas de grands pouvoirs. Elle peut soigner la nature, faire fleurir et verdir les lieux les plus arides et sa plus grande force réside dans son pouvoir à soigner tout ce qui est vivant, de la fourmi à l’humain. Elle comprend également presque toutes les langues magiques mais c’est bien tout. Les tours de prestidigitation, de passe-passe, les évasions, ce n’est pas son fort. J’étais donc toujours enfermée dans ma cage à oiseaux et je commençais à trouver le temps long. Comme Baba Yaga ne semblait pas me prêter plus d’attention qu’à son premier chaudron, je me morfondais de soupir en soupir. Je finis par prendre mon courage à deux mains et m’adressai à la sorcière : - Mère, pourquoi ne pas me laisser sortir de cette cage ? Pourquoi suis-je votre prisonnière ? - - AS-tu entendu, Kroack ? dit la sorcière à son corbeau servile. La petite fée réclame sa liberté. - Baba Yaga éclata d’un rire désagréable qui ne me dit rien qui vaille. - - Sais-tu qu’il est très difficile de se procurer une fée des bois par les temps qui courent ? Hum… « se procurer », cela n’était pas de bonne augure… - A quoi pourrais-je vous servir ? osai-je lui demander. Les fées n’ont pas de grands pouvoirs. - Tu sous-estimes ton peuple ! Quel est donc votre pouvoir le plus grand ? - Je ne pense pas que vous ayez vocation de soigner mais si tel est votre bon désir, je pourrais vous enseigner la sciences des plantes qui guérissent… - Cela n’est pas cela, m’interrompit en rugissant Baba Yaga . J’en sais sans doute bien plus que toi ! Mais en revanche, vous possédez un bien dont je n’ai pas bénéficié. Ne vois-tu pas de quoi je parle ? Je restai interdite car non, je ne voyais pas. Baba Yaga s’emporta : - Vous n’en avez même pas conscience ! Vous possédez l’immortalité et cela n’est rien pour vous ! Mais moi, moi, je n’ai pas l’éternité devant moi ! Il n’y a que les maléfices qui me maintiennent en vie ! Les maléfices et la magie. Car Baba Yaga peut se nourrir de la magie et retarder encore et toujours l’inéluctable. Comment crois-tu que j’aie traversé les siècles et que l’on parle de moi dans nombre de légendes ? Très honnêtement, je ne m’étais pas posé la question. Je savais que Baba Yaga dévorait ses visiteurs après leur avoir servi un festin de roi mais je pensais que c’était juste… comment dire ? par goût… Mais à présent que j’observais Baba Yaga attentivement, je pouvais voir le poids des âges peser sur ses épaules. Non pas à travers ses rides et sa laideur repoussante mais comme si les êtres qu’elle avait dévorés la tiraient vers l’abîme. - Pourtant, il vous arrive bien de vous repaître de ces pauvres humains inoffensifs que vous attirez jusque dans vos rets. Ils n’ont aucun pouvoir magique, pas plus que l’immortalité, eux non plus. - Tu te trompes encore une fois ! Toute chose vivante s’est vue offrir une part de la magie du monde. Une once est mieux que rien ! Mais une fée, ahh, une fée ! C’est un don précieux ! Et la nuit de la pleine lune, je pourrais me délecter d’un bon bouillon de poudre de fée ! Le rire méchant couina quand la voix grinçante se tut. Mon corps se mit à trembler sans que je puisse l’en empêcher. Alors, tel était mon sort ? Je tournai la tête pour regarder au dehors. La lune avait été pleine il y avait quelques jours. J’avais devant moi moins d’une vingtaine de jours pour m’enfuir…
Avant de continuer notre histoire, à mes amis et à moi, je tenais à vous remercier de vous être enquis de ma santé et de celle de Soleil. J'ai eu beaucoup de travail à l'izba ces derniers temps pour l'épauler alors qu'elle connaissait de sérieux et difficiles coups du sort. J'ai même dû m'occuper de ses trois chats et je vous garantis que ça n'a pas été de la tarte. J'ai dû aussi lui remonter le moral quand elle avait le coeur gros et pensait qu'on ne s'en sortirait pas. Elle n'a cependant jamais quitté totalement Domovia où elle a trouvé soutien, bonne humeur et amitié. Aujourd'hui, nous revenons tous les deux avec beaucoup de bonheur, ravis de vous raconter la suite de mes aventures (et je vous promets de l'extraordinaire!) et heureux de vous dire que tout va mieux. Soleil vous remercie pour tout et vous fait dire que même si rien n'a été publié pendant deux mois, elle a pensé très fort à vous... et à moi (oui, je suis toujours aussi cabotin!). Voilà, nous vous embrassons bien bien fort et vous promettons la suite pour tout bientôt!
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