La porte était munie d’une petite fenêtre grillagée qui devait permettre aux gardiens de s’assurer que les prisonniers ne fomentaient pas de mauvais coups. Boon eut l’idée de voler jusque là et s’aperçut que les trous de la grille devaient être assez grands pour que nous nous introduisions par là. Boon revint vers moi et m’exposa son idée : j’allais m’accrocher aussi fermement que je le pourrais aux jambes de mon ami qui m’élèverait jusqu’à la petite ouverture. Une fois rendus là, nous passerions de l’autre côté de la grille et Boon me déposerait délicatement à terre, dans la geôle. J’observai le Boon qui se tenait devant moi. Il n’avait plus grand chose à voir avec le petit être fragile, apeuré et inquiet qui m’avait paru ne faire que deux pieds de haut et que j’avais trouvé tremblant sans la forêt. Aujourd’hui guéri, Boon était un lutin de Cornouailles certes facétieux mais courageux et intrépide. Le plan de Boon me semble bon et j’approuvai en serrant dans mes mains les frêles jambes de mon ami. J’avais peur que Boon n’ait pas la force de soulever le gros lutin que j’étais mais encore une fois, j’avais douté de ses pouvoirs et Boon me souleva sans peine jusqu’à ce que je me retrouve suspendu comme une brindille dans les airs. Nous parvînmes bien vite au bord de l’ouverture et Boon se posa avec légèreté. Il passa sans problème de l’autre côté de la porte et s’empressa de m’aider à la rejoindre. Hélas, aucun plan n’est infaillible et, malgré tout le poids que j’avais perdu depuis que j’avais quitté l’izba de Maître Pipenbois, mon embonpoint m’empêchait de passer de l’autre côté. Pire, je restai coincé dans la grille. Quelle humiliation ! Boon tira mes bras avec force et, devant l’insuccès de son entreprise, repassa de l’autre côté de la grille pour me pousser ver l’intérieur. Rien à faire, j’étais bel et bien bloqué. En désespoir de cause, Boon tira sur mes jambes pour me dégager mais en vain, là aussi. C’est à ce moment précis que l’on entendit des bruits de pas dans le couloir.
|