Et maintenant qu’il le disait, cette grosse tête toute poilue aux yeux verts qui essayait de forcer le passage était bien celle d’un chat. Un chat qui nous avait pris pour des souris ! Peut-être même que les géants s’étaient rendu compte que de la nourriture leur manquait et qu’étant donné les quantités, ils avaient pensé à des souris et avait invité le gros chat dans la cuisine ! En attendant, il fallait trouver un moyen de chasser le chat qui ne quittait pas la caisse des yeux et jetait de temps en temps une patte griffue par le trou. S’il restait là et que les géants revenaient, nous serions découverts bien vite, il fallait faire comprendre à ce chat que nous étions dangereux ! Boon tenta de lui arracher une moustache mais cela rendit le chat fou et il commença à bousculer la caisse pour la renverser. L’idée de faire du mal à un animal m’était insupportable et, de toute façon, était contraire à la promesse que j’avais faite à Baïun. Mais je pouvais l’effrayer ! C’était ça, l’idée ! Je me saisis d’une allumette et la frottai contre la boîte qui me servait de lit. Puis, tenant l’allumette comme un flambeau, je la promenai de droite à gauche devant la tête hirsute du gros chat. Hélas, ce chat-là n’avait pas peur du tout du feu et il guettait à présent, face à l’entrée de la caisse, patient et obstiné. Quel dommage que ma fée qui parlait nombre de langues ne soit pas avec nous, elle aurait pu discuter avec ce chat et lui faire entendre raison. Je fis part de ma pensée à mes camarades et : - Houp ! Boon peut faire ! Boon sait langue des chats ! Je savais que tous les chats ne parlaient pas la même langue, je me rappelais encore de notre échec cuisant face à la meute de chats… Mais nous n’avions pas d’autre choix… Boon s’approcha prudemment du bord de la caisse, prêt à replonger à l’intérieur à la première malice du chat et se mit à miauler comme les chatons. Le gros chat tourna la tête d’un air interdit puis sembla écouter sagement. Au bout d’un moment, Boon, se tut. J’espérais que la langue qu’il parlait était plus correcte que celle qu’il utilisait d’habitude… Le chat se leva et Boon s’engouffra dans la caisse, pris de peur. Mais au lieu de se précipiter vers nous, il s’assit et se mit à miauler à son tour, gravement. Boon écouta et traduisit : - Le chat comprend que nous, pas des souris, houp, houp. Le chat pas vraiment ami des géants. Trop méchants. Donnent coups de pied… - - Je confirme, murmura Baltyr en se massant les côtes. - Houp, chat bien vouloir nous aider à rester aussi longtemps qu’on le voudra. Rendra service, au besoin. Chat, ami du petit peuple. Voilà qui était une excellente nouvelle ! J’aurais voulu sceller notre amitié avec quelque chose mais la caisse ne renfermait pas de sardines à offrir au gros chat. Je trouvai un peu de fromage cependant et lui en tendis. Il se mit à ronronner, avala le morceau de fromage, miaula quelque chose à Boon et partit de son pas gracieux et chaloupé. - Qu’a-t-il dit, Boon ? - Que c’était première fois qu’on lui offrait fromage, houp. Géants le nourrissent de têtes de poissons. Te remercie et nous assure de son aide, houp, houp.
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