Dans l'histoire de la Provence, il y a plusieurs aventures sensationnelles, de filles et de femmes qui firent les choses les plus extraordinaires pour sauvegarder leur vertu ; et qui purent, ainsi, échapper, parfois, aux entreprises brutales des séducteurs. Voici quelques-unes de ces légendes.
La légende de sainte Eusébie L e dictionnaire d'hagiographie de Migne prétend qu'Eusébie, vierge et martyre de Marseille, était abbesse du monastère de Saint-Cyr, fondé par le célèbre Cassien, près de cette ville ; lorsque les Sarrasins, ayant pénétré en France, sous la conduite d'Abdérame et voyant que les barbares approchaient, elle détermina ses religieuses au nombre de quarante, à se défigurer le visage afin de conserver leur chasteté par un expédient héroïque dont elle fut la première à donner l'exemple. Elle se coupa elle-même le nez, et toutes firent la même chose.
Les Sarrasins étant arrivés, enfoncèrent les portes du monastère ; et, saisis d'horreur à la vue d'un spectacle aussi hideux, ils massacrèrent les saintes épouses de Jésus-Christ, qui obtinrent ainsi la double couronne de la chasteté et du martyre (le 23 octobre 731). Cette sainte Eusébie, qui eut le courage de se couper ainsi le nez, et qui décida ses quarante compagnes à en faire autant, n'a pas eu, semble-t-il, une grande réputation dans le monde chrétien ; car on ne la trouve pas, même indiquée, dans le Martyrologue de Simon Martin ; ce qui nous porte à penser que jusqu'au XVIIe siècle, cette légende était purement locale.
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