La boule à rêves irradia alors d’une lumière très vive et sa surface devint plus chaude et molle. Je saisis quelque chose et le tirai vers moi. C’était une paire de gants en cuir très épais. Je les déposai à terre et replongeai la main mais l’objet que je saisis me brûla et je la retirai vivement. Je constatai, navré, qu’elle était barrée d’une bien vilaine brûlure. Baltyr me tendit le gant de la main gauche sans se moquer. J’enfilai le gant et enfonçai à nouveau la main gauche, dans la boule sans consistance. A tâtons, j’attrapai un objet et le tirai de toutes mes forces. Baltyr, qui avait enfilé le gant de la main droite, réceptionna un magnifique bouclier. Je sortis ensuite deux cottes de mailles, une bourse bien remplie et d’autres paires de gants. Quand ma main ne rencontra plus d’obstacles, je la retirai et m’assis par terre. Cet exercice m’avait épuisé. - Il n’y a que deux cottes de mailles, s’inquiéta Baltyr. - Houp, Boon ne pourrait pas en porter. Boon, pas d’habits. Boon volera sans se soucier des Lobastas. Boon prendra gants et petits cailloux argentés. - Est-ce que cela te fait mal ? s’enquit Baltyr en me prenant la main pour l’examiner. - C’est douloureux mais je le supporterais, répondis-je en retirant ma main. A vrai dire, cette brûlure n’était pas belle à voir. Je me risquai près de la rivière des Lobastas pour y plonger ma main quand je pensai à ma gourde d’eau de la clairière aux fées et aux vertus qu’elle avait eu sur les blessures de Boon. Je la sortis et après l’avoir débouchée, j’en vidai le contenu sur la plaie. Si l’eau fraîche me soulagea, cela fut bien tout. - Lullaby, l’eau de la clairière aux fées ne soigne que les blessures infligées par la magie, pas celles causées par la négligence ou l’étourderie… Je crains que cela ne suffise pas, m’expliqua Baltyr. - Il le faudra bien pourtant, marmonnai-je, vexé de la petite leçon de mon ami. Il faut passer ce maudit gué. J’enroulai ma main dans un lambeau de mouchoir et enfilai par dessus les gants. Avant de toucher quoi que ce soit, faites comme-moi, ces fichus objets sont peut-être redoutables pour les Lobastas mais ils ne sont pas moins dangereux pour nous. Mes compagnons obéirent en silence puis Baltyr m’aida à enfiler mon haubert et je fis de même avec le sien. Cependant, non seulement c’était très lourd mais en plus, le fer nous entamait le cou à chaque mouvement. Je coupai mon écharpe en deux et en tendis un bout à mon ami. Sans un mot, nous protégeâmes notre peau de la morsure du métal. - Lullaby, changé, murmura Boon. Il avait raison car mes gestes recelaient une assurance et une détermination que je n’avais jamais eues. Pourtant, j’étais mort de peur. Je tendis au lutin de Cornouailles la moitié des cailloux en fer et partageai le reste avec Baltyr. Puis je pris l’énorme bouclier et me mis en marche. Pourvu que la boule à rêves ne nous ai pas trompés…
Et oui, parfois, il faut aller au delà de soi pour avancer... Et vous verrez que nous allions avoir besoin de beaucoup de courage!!
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