En ce temps-là, la Tisserande tissait les nuages et les brouillards pendant que son père, l’Empereur commandait au Soleil, à la Lune et aux Étoiles. Un matin qu’elle avait bien travaillé et tissé des brumes magnifiques toutes argentées et brodées de pierreries, elle quitta ses appartements et alla se promener le long du ruisseau qui serpentait devant le palais impérial. De l’autre coté se trouvait le Bouvier qui gardait ses troupeaux sous le regard bienveillant des étoiles. - Bonjour, dit la Tisserande. - Bonjour, dit le Bouvier. Ils se regardèrent et les étoiles du ciel s’arrêtèrent dans leur course pour assister à cet instant d’éternité. Les heures qui suivirent ils se promenèrent dans les champs scintillants des étoiles venues pour l’occasion. Pendant ce temps l’Empereur s’étonnait de voir les brumes du matin se dissiper. Partant à la recherche de sa fille, il la découvrit avec le Bouvier. Furieux, il les bannit vers le ciel et transforma le ruisseau en immense fleuve, écumant et tourbillonnant pour les séparer. C’est depuis ce temps-là que les étoiles ne brillent que la nuit et que la Tisserande, que nous appelons Véga, doit attendre l’obscurité des soirs d’été pour apercevoir le Bouvier que nous appelons Altaïr. L’énorme fleuve de la Voie Lactée les sépare à tout jamais mais on dit que vers le septième jour du septième mois de l’année chinoise, des pies forment un pont permettant à la Tisserande de retrouver son amoureux.
Autre légende
L’histoire du pont construit par des pies sur la Voie lactée et permettant au bouvier et à la tisserande de se rencontrer le septième jour de la septième lune est un conte populaire qui est souvent raconté aux enfants par leurs grands-mères.
Le bouvier était orphelin, et depuis son enfance, il menait une vie pénible avec son frère et sa méchante belle-sœur. Après avoir épuisé les biens familiaux, le jeune bouvier vivait de son travail en s’appuyant sur son précieux bœuf. On disait que ce bœuf était un Immortel venu du Ciel. Ayant commis un crime, cet Immortel aurait été condamné à s’incarner dans le corps d’un bœuf et à travailler péniblement avec un paysan. En remerciement pour ses actions, le bouvier lui témoignait beaucoup de sympathie. Le bœuf-divinité aurait donc décidé d’aider son maître à créer une famille heureuse.
Une nuit, le bœuf apparut en rêve au bouvier, et il lui demanda d’aller, le lendemain, rencontrer la tisserande qui serait en train de se laver dans la Voie lactée. Le lendemain, les belles fées se baignaient en effet dans la Voie lactée. Le bouvier, caché dans les roseaux, s’empara des vêtements que la tisserande avait laissés sur la rive. Prises de panique, les autres fées se rhabillèrent et s’envolèrent, laissant toute seule la tisserande qui finit par accepter la demande du bouvier. Dès lors, la tisserande mena une vie heureuse avec le bouvier ; l’homme labourait la terre et la femme tissait. Ils eurent deux enfants, un garçon et une fille, un an plus tard.
Avant de mourir, le vieux bœuf demanda au bouvier de garder sa peau qui pourrait lui être utile. Le couple enleva donc à contre-cœur la peau de l’animal mort et enterra sa carcasse sur un versant de la montagne. En apprenant le mariage de la tisserande avec le bouvier, l’empereur de Jade et la déesse furent tellement fâchés qu’ils ordonnèrent aux gardiens célestes de reprendre la tisserande. Profitant de l’absence du bouvier, les gardiens célestes emportèrent la tisserande. Ne voyant plus sa femme, le bouvier mit la peau du bœuf sur ses épaules, porta à la palanche ses deux enfants et se mit à la poursuite des gardiens. Au moment où le bouvier risquait de les rattraper, la déesse tira de sa chevelure une épingle d’or et fit un geste vers la Voie lactée qui, de peu profonde et limpide, devint immédiatement houleuse. Dès lors, le bouvier et la tisserande ne purent que se regarder de part et d’autre du cours d’eau, les larmes aux yeux. Émus par leur amour sincère, l’empereur de Jade et la déesse leur permirent de se rencontrer chaque année le septième jour du septième mois lunaire. Ce jour-là, les pies s’envolèrent vers le ciel et formèrent un pont enjambant la Voie lactée pour que le bouvier et la tisserande se rencontrent. La nuit, on peut entendre les murmures de ces deux amoureux sous une treille.
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