D'une famille de hauts dignitaires de la cour de Bourgogne, Philippe de Commynes fut attaché à dix-sept ans au futur Charles le Téméraire. Il participa à ses côtés à la ligue du Bien public (coalition de grands seigneurs contre le roi Louis XI), assista comme lui à la bataille de Montlhéry (1465), puis devint son chambellan. A ce titre, il joua sans doute un rôle modérateur lors de l'entrevue de Péronne entre Charles le Téméraire et Louis XI, l'année suivante. Remarqué à cette occasion par le roi, qui essaya de s'attacher ses services, il hésita quatre ans avant de quitter son ancien maître (1472), qui ne lui pardonna pas cette trahison et fit confisquer immédiatement tous ses biens. Devenu «valet de chambre», et véritable homme de confiance du roi, il fut bientôt chargé de plusieurs missions diplomatiques. À la mort de Louis XI (1483), les idées libérales de Commynes et l'intérêt qu'il portait au parlementarisme anglais le conduisirent à rejoindre le duc d'Orléans (futur Louis XII) dans son opposition au jeune Charles VIII. Pour avoir participé à la «guerre folle» contre le roi, Commynes tomba en disgrâce, fut dépouillé de ses charges et des terres que lui avait octroyées Louis XI, et fut emprisonné plusieurs mois en 1488. Amnistié, il dut se retirer dans sa seigneurie d'Argenton, acquise par son mariage en 1473. En 1490, il revint à la cour, où l'on se souvenait de ses talents de diplomate, qu'il mit au service de Charles VIII. Il l'accompagna en Italie et en Allemagne, puis abandonna ses activités diplomatiques et politiques pour finir la rédaction des ses Mémoires (1488-1497). L'origine de cet ouvrage semble être un projet de l'archevêque de Vienne entré au service de Louis XI en 1476. Celui-ci souhaitait composer lui-même une sorte d'historiographie et avait chargé Commynes de recueillir des notes à cet effet. À la mort de l'archevêque, Commynes utilisa et compléta les documents qui devinrent ses Mémoires. Il y dressa les portraits des princes qu'il avait côtoyés et évoqua les conflits auxquels il avait participé. Publiés en 1524, ces Mémoires furent peut-être même le premier ouvrage d'analyse politique moderne.
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