Peu d'années avant la conquête de l’Egypte, Aristote, qui avait été le précepteur d'Alexandre le Grand, avait fondé son école à Athènes : le Lycée. Il y fit évoluer de nombreuses idées et imposa durablement sa vision de l'Univers. Il montra en particulier qu’une Bibliothèque était un outil indispensable pour les Savants et les Penseurs. Démétrios de Phalère, philosophe faisant de la politique, ancien tyran d'Athènes et élève d'Aristote, rejeté d'Athènes durant la guerre de succession, fut recommandé à Ptolémée pour être le précepteur de ses enfants. Il ne manqua pas d'évoquer les idées d'Aristote sur le « savoir universel » à son nouveau maître. Il lui conseilla de bâtir un Musée, (temple destiné aux Muses). et d’y installer une Bibliothèque ! Selon Démétrios, la Bibliothèque devait contenir tous les livres du monde pour que Ptolémée puisse comprendre les politiciens et les marchands étrangers. Pour Ptolémée, la Bibliothèque constituait surtout une solide base culturelle pour ce tout nouveau royaume : Elle représentait une occasion de faire de l'Egypte le centre intellectuel du monde méditerranéen au lieu d'un simple comptoir grec. Jamais pareille entreprise n'avait été mise en œuvre. Les hommes et les livres venus de tous les coins du monde affluèrent. Une incroyable chasse fût lancée par les autorités alexandrines. De véritables "chasseurs de livres" se mirent à sillonner les principaux marchés du monde méditerranéen. Les premiers rayonnages de la bibliothèque furent installés, soit dans un hall de lecture, soit dans les jardins, soit dans le grand hall du Musée. Ils consistaient en des « trous de pigeons » ou des râteliers pour les rouleaux. Les plus importants documents étaient attachés par des liens ou enveloppés dans des chemises en cuir (peau). En effet, le parchemin (velum) commençait à se répandre depuis qu’Alexandrie avait cessé ses exportations de papyrus … dans le seul but d’essayer « d’étrangler » la jeune bibliothèque rivale que les Séleucides étaient en train de mettre en place à Pergame. Notons que l’étymologie du mot « parchemin » vient de « peau de Pergame ». Notons aussi qu’à partir de l’époque romaine, le parchemin va permettre de présenter les écrits non plus sous forme de rouleaux (volumen) mais sous la forme de livres semblables à ceux que nous connaissons : les codex. Ils furent dès lors stockés dans des commodes en bois appelées « armaria ». Aristarque de Samos (100 ans après l’ouverture de la Bibliothèque) rapporte que le premier travail que Ptolémée demanda à Démétrios fut de rassembler le maximum de documents écrits et de superviser personnellement le travail énorme de traduction en grec que cela demandait. L’entreprise commença avec celle de l’Ancien Testament. Pour ce simple projet, sur les conseils de Démétrios, Ptolémée invita et hébergea 72 Rabbins. A cette époque, il existait déjà de nombreuses « bibliothèques » en Grèce. Il s’agissait ordinairement de collections appartenant à des particuliers (Comme la Bibliothèque d’Aristote). Les temples égyptiens contenaient aussi des quantités considérables d’écrits divers de nature religieuse ou « officielle ». La grande ambition de Ptolémée I étant de rassembler et surtout posséder la totalité de la culture littéraire, des émissaires furent donc envoyés « partout » afin de collecter tous les écrits possibles. Les méthodes utilisées par les successeurs de Ptolémée I pour enrichir la Bibliothèque étaient assez exceptionnelles. Par exemple, Ptolémée III écrivit à tous les souverains du monde connu en leur demandant de lui confier tous leurs documents écrits. Quand Athènes lui eut fait parvenir les textes d’Euripide, Eschyle et Sophocle, il en fit faire une copie qu’il retourna aux légitimes propriétaires … tout en conservant les originaux ! En outre, dès qu'un navire accostait à Alexandrie, des soldats montaient à bord, fouillaient le bâtiment et emportaient les manuscrits trouvés à la Grande Bibliothèque. Ils étaient recopiés par les scribes et selon l'importance du manuscrit, l'original ou la copie était conservé par les autorités pour enrichir ce que l'on appelait "le fonds des navires"… Cette procédure peu orthodoxe, voire malhonnête déboucha à la longue sur le premier travail systématique de collecte et de sauvegarde des textes classiques dont beaucoup n’auraient certainement pas survécu jusqu’à nos jours. Bientôt, les locaux du Musée ne suffirent plus à contenir une telle quantité de documents et un bâtiment spécial dut être construit : LA BIBLIOTHEQUE !
(on verra une autre fois ce qu'il adviendra de la Bibliothèque d'Alexandrie).
(http://coll-ferry-montlucon.planet-allier.com/alexandr.htm)
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